Incredibly Incroyable 2.0 de Bertrand Bossard
Artiste associé au Centquatre-Paris, [...]
Deux ans après sa création au Théâtre du Jeu de Paume, à Aix-en-Provence, la directrice du NEST – Centre dramatique national transfrontalier de Thionville Grand Est – reprend sa mise en scène de Face à la mère* au Théâtre de la Tempête. Un spectacle-concert pour trois comédiens et trois musiciens qui associe les mots de Jean-René Lemoine à la musique rock d’Olivier Mellano.
Quelles correspondances entre l’univers littéraire de Jean-René Lemoine et votre propre univers artistique vous ont amenée à mettre en scène Face à la mère ?
Alexandra Tobelaim : Ce n’est pas, à proprement parler, l’imaginaire littéraire de Jean-René Lemoine qui a été déterminant dans mon envie de créer ce spectacle-concert, mais plutôt le propos qu’il développe dans Face à la mère. Ce texte éclaire des perspectives liées au rapport à la mère d’une complexité inouïe. Cette façon de mettre en mots des choses de l’indicible, des choses que l’on n’arrive ordinairement pas à dénouer, me bouleverse.
Pourquoi faire ici se côtoyer théâtre et musique ?
A.T. : Pour rendre compte de la profondeur et de la justesse de ce texte par le biais d’émotions. A travers ce spectacle-concert, j’ai vraiment eu envie de placer les spectateurs dans un endroit du sensible. Un endroit où la parole exprime des choses complexes de manière simple. Ce qui revient à mettre le public dans une position d’écoute lui permettant d’avoir accès aux émotions et aux sensations de façon directe, sans passer par l’intellect.
Est-ce pour vous une manière de provoquer une forme de lâcher prise chez les spectateurs ?
A.T. : Exactement. Mais aussi chez les acteurs (ndlr, Stéphane Brouleaux, Geoffroy Mandon, Olivier Veillon) et les musiciens (le contrebassiste Astérion, le percussionniste Yoann Buffeteau, le guitariste-chanteur Lionel Laquerrière). Ce que je demande aux interprètes, spécialement aux comédiens, c’est de s’emparer de leur partition de façon libre. Ainsi, d’un soir à l’autre, ce ne sont pas toujours les mêmes acteurs qui disent les mêmes parties du texte.
Pour quelles raisons avez-vous choisi de confier le monologue de Jean-René Lemoine à un chœur de trois comédiens ?
A.T. : Pour conférer une dimension universelle à l’histoire intime et personnelle que Jean-René Lemoine raconte dans ce texte révélant l’assassinat de sa mère, à Haïti. Face à la mère est une traversée de l’enfance et un chant d’adieu. Jean-René Lemoine convoque le fantôme de sa mère morte pour pouvoir lui dire tout ce qu’il n’a pas pu lui dire de son vivant. Ce que je trouve merveilleux dans ce texte, c’est qu’au-delà de son caractère tragique, il s’agit d’un véritable mouvement vers la vie. Un mouvement dont j’ai voulu m’emparer en créant un univers théâtral d’une immense douceur. J’ai conçu ma mise en scène comme un espace de réconfort. Pour moi, Face à la mère est un chemin vers la lumière, un chemin de réconciliation. A travers ce spectacle-concert, j’ai cherché à ouvrir une voie vers l’apaisement.
*Texte publié aux Solitaires Intempestifs.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 20h30, le dimanche à 16h30. Durée de la représentation : 1h30. Tél. : 01 43 28 36 36. www.la-tempete.fr.
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