Evgueni Koroliov

C’est le récital du mois. Très peu connu du grand public français, cet
impressionnant pianiste russe, né en 1949, a été l’élève des célèbres pédagogues
Heinrich Neuhaus et Maria Yudina (qui lui donnent des leçons gratuitement), puis
de Lex Oborine et Lev Monov au Conservatoire Tchaïkovsky de Moscou. Dans ses
jeunes années, il fut lauréat des prix Bach de Leipzig, Van Cliburn et Clara
Haskil. Dès 1976, il quitte l’URSS pour s’installer en Yougoslavie, avant d’être
convié à Hambourg où il enseigne depuis le piano au Conservatoire Supérieur de
Musique. Sa renommée légendaire tient à son approche de la musique de Bach dont
il est l’un des interprètes emblématiques au piano, au même titre que Gould ou
Kempff. Dès l’âge de dix-sept ans, il donnait, lors d’un récital décisif à
Moscou, l’intégralité du Clavier bien tempéré en concert. Ses
enregistrements du « Clavier » et de l’Art de la Fugue sont des
références absolues. « Si je ne devais emporter qu’une seule ?uvre sur une
île déserte, je choisirais le Bach de Koroliov, car je pourrais, solitaire
mourant de faim et de soif, écouter ce disque toujours et encore jusqu’à mon
dernier soupir » déclare le compositeur György Ligeti? Pourtant, Ô
surprise !, Bach cède la place dans le programme de son prochain récital
parisien à Haydn (Variations en fa mineur), Beethoven (Sonate pour
piano n° 28), Debussy (Préludes) et Prokofiev (Sonate pour piano
n° 2). Immanquable.

JL