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EUROPAJAZZ - Critique sortie Jazz / Musiques Le Mans
Crédit photo : Gaston Bergeret Légende photo : Ibrahim Maalouf, sa trompette quart de ton et son quintette franco-américain le jeudi 9 mai à l’Abbaye de l’Epau.

JAZZ / LE MANS

Publié le 20 avril 2013 - N° 209

La 34e édition du festival sarthois aborde sa dernière ligne droite. Une ultime semaine de poly-sons extatiques et frondeurs.

Après avoir visité depuis plus d’un mois toute la région des Pays de la Loire et le département de l’Orne, après avoir été à la rencontre des écoliers, des lycéens, des habitants des maisons de retraite ou encore des détenus des maisons d’arrêt, l’Europajazz installe son final dans trois lieux majestueux de la ville du Mans : l’Abbaye de l’Epau, la Collégiale Saint-Pierre-la-Cour et la Fonderie. Au programme, des pièces maîtresses du jazz contemporain tels le saxophoniste Joshua Redman (8 mai), la diva Elisabeth Kontomanou (12 mai) ou l’incontournable batteur Aldo Romano (11 mai). Le festival sarthois invite aussi le public à (re)découvrir des légendes trop méconnues : à ce titre, la présence de l’iconoclaste souffleur américain Henry Threadgill (11 mai) s’impose comme un événement. Complice d’Archie Shepp, de l’Art Ensemble of Chicago ou encore de David Murray, ce saxophoniste et flûtiste fait partie de la caste des inlassables chercheurs de sons singuliers. Son sextette Zooid pousse le jazz dans ses retranchements les plus féconds : porté par l’entêtant tuba de Jose Davila, le groupe multiplie les parties de surprises, les ruptures tranquilles et les échappées belles. Autre géant discret, le contrebassiste Barre Philipps. En « résidence perpétuelle à l’Europajazz » depuis 2008, ce quasi octogénaire a joué avec Eric Dolphy, Archie Shepp, Lee Konitz, Ornette Coleman… Pour cette 34e édition du festival, il offrira un duo avec le pianiste suisse Jacques Demière (9 mai). Immanquable.

M. Durand

Rencontre avec Armand Meignan

Quelle couleur spécifique avez-vous voulu donner à cette nouvelle édition?
Armand Meignan : Nous ne recherchons jamais une couleur spécifique… Cette 34ème édition s’inscrit dans le patrimoine génétique de l’Europajazz : actions citoyennes avec les projets en lycées, collèges, maisons d’arrêt, hôpitaux ou maisons de retraite… Et près de 100 concerts à travers 7 créations et des groupes inédits, des découvertes, des musiciens à redécouvrir, des figures emblématiques, avec une forte présence de la scène française et européenne, etc… Dans quels festivals cette année en France, on pourra entendre Henry Threadghill, Marthy Ehrlich, Miguel Zenon, Jacques Demierre, Barre Phillips et Emilie Lesbros ?

Comment évolue le festival ?
Armand Meignan : Le festival est dans une évolution permanente et se remet en question chaque année, artistiquement mais aussi dans ses partenariats et aussi malheureusement au gré de ses financements qui sont de plus en plus remis en question. Excepté le « final » à l’Abbaye de l’Epau qui est relativement immuable dans son organisation – augmenté cette année par une série de concerts gratuits sous le Magic Mirror), tous les autres concerts et projets peuvent changer de lieux, de partenaires ou de période ! L’avenir ? Un festival engagé comme le nôtre dans des actions citoyennes (qui ne génèrent évidemment pas de recettes de billèterie) ou qui mène une politique de création audacieuse avec peu de têtes d’affiches est très tributaire des fonds publics, et à ce niveau je suis très inquiet pour l’avenir ! Même si nous avons bien développé le mécénat avec le « Clubbin’jazz », si les subventions publiques baissent notre festival réduira la voilure, et notamment sur tous ses aspects les plus créatifs ou « citoyens ».

Le festival se déploie aujourd’hui résolument dans un vaste rayon régional, bien au-delà de la ville du Mans d’où tout est parti…
Armand Meignan : Cela fait plus de 20 ans que nous développons notre périmètre géographique mais sans déborder la Région des Pays de la Loire (à l’exception du département de l’Orne) et que nous multiplions les actions pour les publics « empêchés ». Ce n’est pas nouveau ! Pour nous, c’est une mission essentielle, sinon le public du jazz restera celui d’un cercle d’initiés peu partageurs ! Il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour casser cette image de musique intellectuelle, difficile à comprendre et réserver à une élite…

Les musiciens français sont très valorisés dans votre programmation… Pourquoi ce choix très volontaire ?
Armand Meignan : Tout simplement parce que la scène française est multiple et d’une richesse incroyable et que les propositions des musiciens français sont passionnantes ! Je prépare pour Nantes et Les Rendez-vous de l’Erdre une création (coproduite avec l’Europajazz, Jazz Nevers, Tourcoing) d’Erik Truffaz sur la BD (projeté sur écran) « Animal Z » d’Enki Bilal…

Et si vous deveniez d’un seul coup spectateur de votre propre festival, et que vous ne pouviez n’assister qu’à un seul concert, lequel choisiriez-vous ?
Armand Meignan : Un seul concert ? Alors celui du 11 mai à 17 h à la Fonderie du Mans de Marty Ehrlich (saxophones, clarinettes, flûtes)/Myra Melford (piano). Cela fait vingt ans que je suis fana de ce duo, et comme il ne sont jamais en tournée, je les fais venir spécialement des Etats-Unis pour enfin les programmer ici et les faire découvrir.

Propos recueillis par Jean-Luc Caradec

A propos de l'événement

EUROPAJAZZ
du mercredi 1 mai 2013 au dimanche 12 mai 2013


Jusqu’au dimanche 12 mai. Tél. : 02 43 23 66 38. Places : 5 à 26€. www.europajazz.fr
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