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Avignon / 2015 - Entretien Karine Birgé
Karine Birgé et Marie Delhaye s’emparent des Misérables, de Victor Hugo : comédiennes et manipulatrices d’objets, elles jouent tous les personnages de cette fresque épique et sanglante.
Comment travaille la compagnie Karyatides, que vous formez avec Marie Delhaye ?
Karine Birgé : Nous adaptons des classiques au théâtre d’objets : Madame Bovary, Carmen, une petite forme d’après Andersen et un travail en cours sur Rabelais. Nous incarnons de grandes figures sur des toutes petites scènes ! Il faut d’abord travailler sur l’adaptation, ce qui est énorme. Pendant des mois, nous choisissons des objets, des scènes, des langages. Pour Les Misérables, toutes les figurines sont des santons en bois brut figurant les petits métiers. Sur la scène, se trouve une table, sur laquelle se joue le spectacle, et d’autres éléments de décor sur roulettes. Il s’agit d’un théâtre pauvre, fait avec des bouts de ficelle, et en même temps magique, très visuel, plus cinématographique que marionnettique, où le travail plastique et celui sur la lumière sont très importants. Nous retrouvons les mêmes collaborateurs depuis plusieurs années : Félicie Artaud, la dramaturge, Dimitri Joukovsky à la lumière, Guillaume Istace, à la création sonore, Zoé Tenret, qui fabrique nos petites figurines, et, pour la mise en scène de ce spectacle, Agnès Limbos, la papesse du théâtre d’objets.
Que conservez-vous de l’œuvre originale ?
K. B. : Sa substantifique moelle, ses personnages principaux (Jean Valjean, le forçat transfiguré par l’amour, Fantine, Cosette, Gavroche, Javert) et le peuple qui se révolte. Ce roman parle de la misère d’un peuple qui se soulève. Mais Les Misérables, c’est aussi une intrigue policière, avec un côté thriller qu’on a gardé. Et un aspect hyper mélo qu’on assume complètement : la déchéance de Fantine, la mort de Gavroche, Cosette maltraitée… La portée sociale et politique est aussi très importante : Hugo se bat contre toutes les formes d’injustice et d’oppression. Le théâtre d’objets est très métaphorique : on trouve les objets signifiants et on traduit le langage en images. Pour le reste, les figurines demeurent statiques et l’émotion est incarnée par le jeu des comédiennes, qui opère comme un zoom sur les poupées. L’ambiance est aussi donnée par le son, par un objet évocateur : c’est un théâtre qui suppose un gros travail d’imagination de la part du spectateur !
Propos recueillis par Catherine Robert
Avignon Off.
(relâches les 15 et 22), à 13h. Tél. : 04 90 14 07 99.
Installé au Château de Saint-Chamand, le [...]