La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra - Entretien

Entretien Julius Drake

Entretien Julius Drake - Critique sortie Classique / Opéra
ph by Marco Borggreve

Publié le 10 octobre 2008

Le piano des voix

L’Auditorium du Musée d’Orsay propose cette saison un passionnant cycle de concerts en hommage à « L’art de l’accompagnement vocal ». Cette discipline secrète et discrète est servie parfois par de grands instrumentistes et musiciens, aptes à se mettre entièrement au service d’une voix, d’une partition et d’un texte. Le pianiste anglais Julius Drake, partenaire des plus grandes voix de notre temps, est l’un des plus éminents spécialistes de cet art subtil et savant. Il accompagnera le ténor Ian Bostridge, en concert le 24 octobre, avec lequel il a enregistré plusieurs exceptionnels disques Schubert.

Comment pourriez-vous décrire la relation qui unit un pianiste et le chanteur qu’il accompagne ?
Julius Drake : L’accompagnateur est un partenaire de musique de chambre à part entière. Je crois que nous jouons ensemble, nous faisons de la musique ensemble, comme n’importe quel autre duo de musiciens. Jouer avec un chanteur est le même travail que de jouer avec un violoncelliste ou un violoniste. La seule différence, ce sont les mots : quand vous jouez avec un chanteur, il y a un poème à interpréter et présenter au public, avec la musique. Le pianiste doit connaître aussi bien le poème que le chanteur, et le travail au cours des répétitions consiste à trouver le meilleur accent pour transmettre l’oeuvre au public. Pour travailler comme pianiste dans le domaine du chant, vous devez être aussi intéressé par les mots que par la musique.
 
« L’accompagnateur est un partenaire de musique de chambre à part entière »
 
Comment êtes-vous devenu un accompagnateur aussi respecté et incontournable ?
J. D. : Enfant, j’ai été dans une école de musique et j’ai alors réalisé que jouer seul n’était pas pour moi. Cela n’allait pas avec mon caractère. J’ai décidé à 18 ans de devenir musicien de musique de chambre, en tant que pianiste, afin de faire de la musique avec d’autres plutôt que seul.
 
 
« Pour travailler comme pianiste dans le domaine du chant, vous devez être aussi intéressé par les mots que par la musique. »
 
Est-il nécessaire de savoir chanter pour accompagner un chanteur ?
J. D. : Non, je ne chante pas du tout, si c’est ce que vous voulez savoir. Mes enfants me taquinent d’ailleurs au sujet de ma voix quand je chante. Quoi qu’il en soit, tous les musiciens chantent au travers de leur instrument et je pense que nos instruments sont une substitution de la voix humaine. J’essaye d’apporter au chanteur une association étroite, une rencontre des esprits. Ce sont deux musiciens, le chanteur et le pianiste, qui essayent d’interpréter le chant aussi honnêtement que possible.
 
Propos recueillis par Jean Lukas.


Vendredi 24 octobre à 20h30 à l’Auditorium du Musée d’Orsay. Tél. 01 40 49 47 50 et 01 40 49 47 57.
Avec Ian Bostridge (ténor) et Julius Drake (piano) : Œuvres de Brahms (Neun Lieder und Gesänge, op. 32 ; Sommerabend, op. 85 n° 1 ; Mondenschein, op. 85 n° 2 ; Meerfahrt, op. 96 n° 4 ; Der Tod, das ist die kühle Nacht, op. 96 n° 1) et Schumann (Liederkreis, op. 39).
 
Autres rendez-vous du cycle :
– Jeudi 2 octobre à 20h avec Dame Felicity Lott (soprano) et Graham Johnson (piano) dans des oeuvres de Berlioz, Chausson et Poulenc.

– Dimanche 5 octobre, journée de Master-classes avec trois grands pianistes-accompagnateurs : Graham Johnson à 11h, Roger Vignoles à 14 h et Julius Drake à 16 h + Table ronde à 17 h.

A propos de l'événement


x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur la musique classique

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Classique / l'Opéra