Éléonore Joncquez met en scène OVNI d’Ivan Viripaev

« Contrairement à ce qu’indique son titre, OVNI n’est pas seulement un texte de science-fiction. Au-delà de la chose que les personnes interviewées ont rencontrée, la pièce raconte surtout ce que le contact avec cette chose, cet OVNI, a provoqué chez eux : une déflagration aux formes diverses, qui a opéré une révolution dans leur rapport à eux-mêmes, aux autres, au monde. Ce contact se produit d’abord de façon physique, puis provoque une émotion intense, et enfin un changement lumineux de paradigme. Il ne s’agit ni d’une démonstration philosophique, ni d’une conférence New Age, mais de l’histoire d’une révélation, du témoignage d’une entrée en relation. Tous sont conscients qu’on peut ne pas les croire ou les croire fous, mais tous éprouvent le besoin d’en parler avec Viripaev.

La mise en scène comme respiration

Je trouve cette pièce génialement lumineuse et bouleversante, mais ça ne suffit pas pour faire une mise en scène ! La première difficulté, c’est que les personnages sont très attachants. Or, ils disparaissent après leur monologue, et il faut alors se familiariser avec un autre personnage. C’est assez aride pour le spectateur ! J’ai utilisé la danse pour créer des respirations, tout en faisant écho aux récits. C’est aussi une manière de faire revenir ces personnages sur le plateau, en leur permettant de s’exprimer par un autre média, celui du corps, sans trahir l’auteur. L’autre respiration est permise par les images vidéo qui offrent une plongée cosmique, contrastant avec l’intimité des récits. En ce qui concerne la scénographie, on aurait pu choisir un espace très minimaliste, avec une simple chaise au milieu, mais on ne voulait pas quelque chose de neutre : on a désiré caractériser les personnages par des sortes de carottages de leur vie, avec plein de détails de leur quotidien. Loin d’être une conférence ou un prêche, ce spectacle raconte le surgissement du transcendant dans une existence tout à fait banale. »

Catherine Robert