Classique / Opéra - Gros Plan / SAISON 2015 - 2016
Du baroque dans la fosse
ENSEMBLES SPECIALISES ET OPERA
Publié le 25 septembre 2015 - N° 236Les maisons d’opéra accueillent de plus en plus les ensembles spécialisés pour interpréter le répertoire des xviie et xviiie siècles.
La « révolution baroque », dans le domaine lyrique comme dans celui de la musique instrumentale, s’est d’abord construite à l’écart des grandes institutions. Quand William Christie et Jean-Marie Villégier proposent en 1987 leur Atys de Lully, production emblématique de ce renouveau du répertoire et de son interprétation, c’est à l’Opéra Comique qu’ils s’installent, la « seconde salle » de l’Opéra de Paris. Dans la fosse, les Arts Florissants ne viennent déloger aucun orchestre permanent. Mais, alors que désormais les œuvres préclassiques ont – définitivement, semble-t-il – quitté le répertoire des orchestres symphoniques « traditionnels » au profit d’ensembles spécialisés sur instruments d’époque, la même réflexion devait bien se poser aux maisons d’opéra. Le Théâtre de Caen, en accueillant les Arts Florissants depuis vingt-cinq ans, a eu un rôle de pionnier et on ne s’étonne guère de la présence de formations baroques à l’Opéra royal de Versailles. Mais c’est beaucoup plus récemment que les théâtres lyriques dotés d’un orchestre permanent ont franchi le pas et commencé à faire appel aux ensembles spécialisés – de plus en plus nombreux – pour prendre place dans la fosse.
Au tour des jeunes ensembles
Le Concert d’Astrée est ainsi en résidence depuis 2004 à l’Opéra de Lille, où officie également l’Orchestre national de Lille. Chaque année, l’ensemble dirigé par Emmanuelle Haïm y propose une ou plusieurs productions (cette année, Xerse de Cavalli) avant de les emmener en tournée. À Bordeaux l’an dernier, la remarquable production de Dardanus de Rameau mise en scène par Michel Fau voyait l’ensemble Pygmalion de Raphaël Pichon s’installer dans la fosse du Grand Théâtre, où l’Orchestre national de Bordeaux Aquitaine lui laissait la place – une initiative que le nouveau directeur de l’Opéra de Bordeaux, Marc Minkowski, entend bien prolonger. Le mouvement fait maintenant tache d’huile : le Centre lyrique Clermont-Auvergne a confié les clefs de la fosse au jeune ensemble Le Banquet céleste de Damien Guillon pour une nouvelle production d’Acis et Galatée de Haendel, qui voyagera cette saison à l’Opéra d’Avignon, à l’Opéra de Rennes (en version de concert) et au Festival de La Chaise-Dieu.
J.-G. Lebrun