Savoir où l’on va
Après le succès amplement mérité [...]
Né de l’imaginaire de Roland Auzet, Jérôme Thomas, Mathurin Bolze, Wilfried Wendling et Robert Hébrard, Deux hommes jonglaient dans leur tête crée un monde énigmatique et virtuose. Entre jonglage, théâtre d’objet et créations sonores.
Dans une pénombre teintée de rouge vif, une silhouette fait son apparition. Elle émerge peu à peu des coulisses, avance péniblement, lentement, de manière chaotique. Mis en mouvement par de longues perches faisant glisser les deux blocs de bois sur lesquels il se tient debout, les pieds nus, Jérôme Thomas peut ainsi donner l’impression, durant les premières minutes de Deux hommes jonglaient dans leur tête, d’être une marionnette, un grand pantin désarticulé. Mais c’est bien le jongleur qui fait son entrée sur le plateau dans ce qui restera l’un des moments les plus poétiques du spectacle, poussé par son partenaire de jeu, le percussionniste et compositeur contemporain Roland Auzet. Créé en 2008, à L’espace des Arts – Scène nationale de Chalon-sur-Saône (dont Roland Auzet était alors artiste associé), ce duo mêlant jonglage, théâtre d’objet et créations sonores confronte les imaginaires des deux interprètes, ainsi que ceux du metteur en scène Mathurin Bolze, du compositeur Wilfried Wendling (qui signe, en direct, la musique électronique) et du créateur d’instruments sonores Robert Hébrard.
A la croisée des arts et des inspirations
La conjugaison de ces cinq univers artistiques donne naissance à une succession de tableaux comme sortis d’un studiolo de la Renaissance italienne. Eparpillés au sein de l’espace scénique, toutes sortes d’objets en bois – de différentes formes, de différentes tailles – révèlent non seulement leur beauté, mais leur capacité à devenir de surprenantes machines musicales. Durant une heure, les objets-instruments de Robert Hébrard ponctuent ainsi de leurs sons les plus divers le ballet-concert à quatre mains réalisé par Jérôme Thomas et Roland Auzet. Un ballet-concert virtuose, au cours duquel les prouesses du jongleur (réalisées avec des balles, avec des grelots, avec des plumes…) répondent à celles du percussionniste, qui exerce lui-même son art à l’aide de supports le plus souvent inattendus. Tout au long de ces Deux hommes jonglaient dans leur tête, les deux partenaires de scène s’attachent à faire s’entrelacer et dialoguer leurs disciplines respectives, à les faire se nourrir et s’enrichir l’une de l’autre. Une façon, aussi, de repousser leurs limites. Et de tenter de les renouveler.
Manuel Piolat Soleymat
Après le succès amplement mérité [...]