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Des conférences aussi sérieuses que burlesques autour d’un monde qui maltraite son environnement, c’est le concept original et séduisant de Frédéric Ferrer de retour au Théâtre de l’Atelier.
Cela fait maintenant 14 ans que Frédéric Ferrer a lancé sa série de « cartographies théâtrales » intitulées « l’Atlas de l’anthropocène ». Un cycle qu’il a ouvert avec À la recherche des canards perdus, qu’il reprend jusqu’à la fin du mois de juin à l’Atelier. Une vraie fausse conférence autour d’une expérience menée par la NASA à base de petits canards en plastique lâchés sur un glacier du Groenland, dans la perspective de mieux comprendre ses mécanismes de fonte et ainsi d’anticiper plus précisément les conséquences du réchauffement climatique. Il faut reconnaître à l’artiste une certaine prescience. En 2010, si elle n’était pas nouvelle, la question environnementale n’avait pas pris l’importance qu’elle occupe aujourd’hui. Et l’on se dit que si elle avait été traitée plus souvent à la manière de Ferrer – avec humour et sérieux tout à la fois, faisant rire et réfléchir en même temps – elle aurait peut-être encore mieux sensibilisé les foules. Avec cette reprise, il est encore temps de se rattraper.
Un humour qui surprend
Des deux conférences choisies par Ferrer parmi les sept qu’il a bâties sur le sujet, on a toutefois une petite préférence pour De la morue, spectacle créé en 2017, qu‘il joue en alternance. L’art conférencier de l’artiste s’y fait plus malicieux, son humour encore plus surprenant et son propos plus dense. En revenant sur l’histoire de la pêche à la morue, notamment du côté de Terre-Neuve, on y croise par exemple les pêcheurs qui auraient découvert l’Amérique avant qui l’on sait, une brillante explication de la Paimpolaise, ou encore un dictionnaire de la cuisine d’Alexandre Dumas accusé d’avoir favorisé la surpêche de la morue, le tout sous la menace silencieuse d’un usage graveleux du terme de morue, qui n’est toutefois jamais mise à exécution. Avec son powerpoint aux photomontages kitsch, son air pressé, sa manière de se reprendre sans cesse comme s’il improvisait et son débit serré, avec aussi sa méthode pseudo-scientifique à base d’hypothèses logiques et de conclusions absurdes, Frédéric Ferrer s’est constitué une démarche et un personnage de conférencier qui font le trait d’union entre les deux spectacles. Si De la morue, plus digressif et plus délirant, réalise d’impressionnantes pirouettes pour que le propos retombe sur ses pieds, le tout en enrichissant le spectateur de multiples recherches sur le sujet, les deux conférences dessinent un même projet. Des spectacles où l’on ne sait plus très bien si le propos est sérieux ou s’il dérape, où le savoir est interrogé à l’aune de délires qu’on ne voit pas toujours venir. Une manière de rendre compte de notre monde, en somme, dans ce qu’il a de sérieusement déconnant.
Eric Demey
A la recherche des canards perdus le mardi à 19h, De la morue le mercredi à 19h. Tel : 01 46 06 49 24.
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