Oncle Vania d’Anton Tchekhov, mise en scène de Stéphane Braunschweig
Créée au Théâtre des Nations de Moscou, en [...]
Pour monter la pièce la plus autobiographique de Lars Norén, Frédéric Bélier-Garcia dispose d’un quatuor de comédiens éblouissants.
Comme son nom l’indique, la pièce de Lars Norén, Détails, se concentre sur les petites choses du quotidien, de celles qui traînent dans nos mémoires et qui, avec le recul, finissent par composer le grand tableau d’une vie. L’auteur ne cache pas qu’il a signé là sa pièce la plus autobiographique, en puisant des éléments de sa vie ou de celle de ses amis. De fait, le cercle dans lequel évoluent ses quatre personnages appartient à une classe sociale intellectuelle et aisée. On y trouve Erik, éditeur, marié à Ann, médecin, une jeune fille, Emma, qui lui soumet son premier roman, et un dramaturge en devenir, Stefan. Leur histoire se déploie sur dix ans, de 1989 à 1999, entre Stockholm, New York et Florence, et décrit leurs relations de couples : ils se trompent, se quittent, se remarient, se retrouvent dans des soirées ou des lieux familiers. Ils boivent des caffe latte, visitent la galerie des Offices, les femmes ne peuvent avoir d’enfants, les hommes ont des fils, on suit leurs névroses, leurs rêves, leurs fantasmes. L’écriture est ciselée, les personnages s’auscultent et pendant une bonne heure, on suit avec intérêt le destin de ces deux couples.
Des comédiens parfaitement accordés
Pourtant, l’absence d’éléments saillants et la mise en scène neutre de Frédéric Bélier-Garcia ne parviennent pas à faire oublier que sous l’habillage d’une écriture aussi habile que contemporaine se cache une intrigue finalement typique du théâtre bourgeois avec son traditionnel chassé-croisé amoureux entre deux couples. Si Frédéric Bélier-Garcia et Lars Norén partent du principe que « tout le monde s’est perdu dans l’intime », la crise du couple prend le pas sur le portrait d’une époque, celle des années 1990, évoquée à travers ses films emblématiques (La Leçon de piano, La Liste de Schindler), ses écrivains à la mode (Paul Auster, John Irving), le Sida, la guerre en Yougoslavie… À force – la pièce dure quand même 2h10 – l’attention se relâche et l’idée de départ de la pièce (se concentrer sur les détails) finit par tourner à vide. Si l’intérêt ne tombe pas, c’est grâce au formidable quatuor de comédiens en présence. Isabelle Carré, silhouette gracile et interprète sensible, compose une Ann oscillant entre fantaisie, fantasme, fragilité et force. Ophélie Kolb joue avec un naturel confondant Emma, tour à tour enflammée, incertaine ou carrément folle. Laurent Capelluto (Erik) se montre aussi convaincant dans la lâcheté que dans la séduction tandis qu’Antonin Meyer-Esquerré (Stefan) émeut dans son rôle d’écrivain à l’enfance violée. Tous sont non seulement excellents pris individuellement mais parfaitement accordés ensemble. Et ce n’est pas un détail !
Isabelle Stibbe
Du mardi au samedi à 21h, le dimanche à 15h, représentation supplémentaire le samedi 1er février à 15h30, relâche les lundis et les 12 et 14 janvier. Tél. : 01 44 95 98 21. Durée : 2h10.
Tournée : La Comédie – CDN de Reims (51) du 3 au 6 mars 2020.
Créée au Théâtre des Nations de Moscou, en [...]