Avec « Angles Morts », Joëlle Sambi croise slam, krump et électro
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Après notamment Notre Histoire, pièce fondée sur leur situation de couple mixte unissant un juif et une allemande, et avant Notre École (tragi-comédie), prévue en 2024, Jana Klein et Stéphane Schoukroun, comédiens, metteurs en scène et co-directeurs de la compagnie (S)-Vrai, proposent Décodage et L la nuit, deux fictions nourries du réel en forme de quête incertaine.
De quelle manière votre théâtre s’empare-t-il du réel ?
Stéphane Schoukroun : Notre théâtre se fonde toujours sur des rencontres, des enquêtes, des ateliers d’écriture au cœur des territoires, en particulier en Seine-Saint-Denis. À partir de toutes ces paroles, nous fabriquons un théâtre qui met en jeu de multiples confrontations où la fiction s’invite et interroge le réel : ces frottements entre le réel et la fiction déjouent les attendus, brouillent les repères, et nous amènent à créer une écriture au plateau qui se plaît à réinventer, déconstruire, reconstruire, une écriture qui s’empare de toutes sortes de projections conscientes et inconscientes, qui interroge le processus de fabrication du théâtre même. Nous passons toujours par l’intime afin d’explorer des thématiques sociales, de questionner et contrarier les clichés.
Jana Klein : Rien ne se résout dans notre écriture. Nous pourrions créer de belles fictions imprégnées de réel emmenant vers une forme de catharsis, mais cela ne correspondrait ni à nos parcours ni à ce qu’on observe du monde qui nous entoure. À chaque fois, à divers endroits, quelque chose se brise. Nous créons un théâtre de crise. Chaque pièce est une expérience problématique, complexe, traversée de voix issues du réel, où se travaille la question de l’altérité et des identités. Quelles qu’aient été les rencontres qu’on a faites, parfois âpres, nous voulons que notre théâtre puisse devenir un endroit de vie, de joie, pétri d’humour.
À l’instar de L la nuit, épopée féminine où une jeune femme rêve d’être Clint Eastwood…
J.K. : Tout à fait. L la nuit s’appuie sur un recueil de témoignages de femmes rencontrées dans des associations en banlieue autour d’une question : quels sont les chemins que l’on s’autorise à prendre dans la ville et dans la vie ? Souvent, au moment des premières règles, les espaces de liberté se rétrécissent. Les témoignages ont ravivé mes propres souvenirs, que j’ai amenés vers une épopée onirique. La pièce que j’interprète est ainsi devenue un retour aux sources fictionné nourri de mon amour pour les westerns que je partageais avec mon grand-père. Nous opérons des allers-retours entre autofiction et documentaire qui font rebonds. Je convoque Clint Eastwood et Calamity Jane, qui elle aussi peut traverser librement les plaines…
Décodage est-il aussi lié à une forme de quête de soi ?
S.S. : Une quête de soi liée à la mémoire de l’Histoire et la mémoire familiale. L’interprète de cette pièce est une jeune comédienne franco-libanaise, Ada Harb, dont le personnage, Tala Haddad, tente de comprendre l’histoire chaotique de Beyrouth. Elle inaugure le spectacle par une fausse conférence sur l’enseignement de l’Histoire, avant d’aborder une dimension plus intime. La pièce met en jeu la question des sources, des traces laissées aux jeunes générations. Ada a lu le Journal d’Anne Frank, qui l’a marquée lors de son adolescence. Comme dans nos autres créations, le théâtre ici tisse des correspondances et ouvre un dialogue.
Propos recueillis par Agnès Santi
Décodage. Cour du Spectateur,
5 place Louis Gastin, 84000 Avignon.
Du 12 au 29 juillet 2023 à 16h10, relâche les 17 et 24.
Tél : 06 28 67 09 82.
L la nuit, Théâtre du Train Bleu hors les murs, la MAIF,
139 avenue Pierre Semard, 84000 Avignon.
Du 7 au 19 juillet à 10h40, relâche le 13. Départ du Train Bleu.
Tél. : 04 90 82 39 06.
L la nuit, publié aux éditions esse que.
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