Vincent Dumestre
Aux grands motets les grands remèdes Le [...]
À la tête de leurs orchestres respectifs, l’Orchestre de l’Académie nationale Sainte-Cécile de Rome et l’Orchestre national russe, les deux chefs éclairent les répertoires italien et russe.
« Chanter dans son arbre généalogique ». Débarrassée de ses oripeaux nationalistes, la belle expression de Cocteau présume que l’âme d’une nation s’incarne dans son art musical et qu’avoir en partage une même culture donne les clefs pour la lire. Cela n’est guère contestable et les orchestres en tournée en font souvent leur argument. Illustration à la Philharmonie de Paris avec deux phalanges pour qui la défense d’un répertoire national constitue une mission impérieuse. Les poèmes symphoniques d’Ottorino Respighi (1879-1936), Les Fontaines de Rome et Les Pins de Rome, beaux exemples de pittoresque en musique, ne sont plus guère défendus que par les interprètes transalpins. Le geste ample de Sir Antonio Pappano convient bien à cette musique qui garde quelque chose de l’emphase des scènes de rue de la tradition lyrique italienne – à laquelle le chef se réfère avec l’ouverture du Siège de Corinthe de Rossini (le 10 mai).
Fibres nationales
Mais derrière l’italianité se révèle la palette coloriste inspirée par le maître de Respighi, le Russe Rimski-Korsakov. Ce contrepoint russe sera appuyé par l’interprétation du Concerto pour piano n° 1 de Tchaïkovski avec Yuja Wang en soliste. Tchaïkovski (avec la 4e Symphonie) est également au programme de l’Orchestre national de Russie (le 15 mai), couplé avec le Concerto pour violoncelle n° 1 de Chostakovitch (avec Gautier Capuçon). En ouverture, le poème symphonique d’un compositeur méconnu, le Polonais Mieczyslaw Karlowicz (1876-1909), parfait trait d’union entre les tonalités dramatiques des deux compositeurs russes.
Jean-Guillaume Lebrun
Mercredi 10 et lundi 15 mai à 20h30. Tél. : 01 44 84 44 84.
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