Le Nouveau Festival
Le Centre Georges Pompidou s'agite pendant [...]
D’après une histoire vraie
Christian Rizzo signe une partition chorégraphique toute en finesse. Fascinant.
Quelque chose attend, qui git là, dans le suspens du temps, au revers du réel. Comme une vibration qui sourd de la blancheur étale, incertaine et tranquille. Un homme, puis deux, puis trois… et enfin huit se groupent au sol puis se détachent et entonnent une marche polyphonique. Ils martèlent leurs pas, sautent et voltent au son de deux batteries, scandent leurs gestes en variations minimalistes. Se croisent, s’effleurent ou s’échauffent. Ils tressent ensemble leurs solitudes et peu à peu trouvent l’harmonie dans le jaillissement du mouvement. La barbe en broussaille et la tête échevelée, ils dégagent d’abord une masculinité brute que vient adoucir cette fraternité scellée par l’élan collectif des corps, jusqu’à la délicatesse. La communauté lentement se constitue par ce rituel, archaïque et pourtant pleinement inscrit dans notre temps.
Hommes dansants
Créateur singulier, passé par le rock, le stylisme et les arts plastiques, le chorégraphe Christian Rizzo souvent déploie ses mondes imaginaires en nos fors intérieurs, comme des installations vivantes qui prennent tout leur sens par la métamorphose. Il entame avec cette pièce pour huit danseurs et deux percussionnistes une inflexion chorégraphique, portée par un souvenir vécu voici dix ans : à Istanbul, il assistait à un spectacle, quand, à quelques instants de la fin, surgit une bande d’hommes qui exécuta une brève danse folklorique puis disparut. « Une émotion profonde, presque archaïque m’envahit. » se rappelle-il. La gestuelle mêle avec fluidité le populaire et le contemporain, le folk et le sacré. Inspirée des danses traditionnelles méditerranéennes, elle se déroule en infinis volutes et tournoiements… Et nous emporte dans son fascinant mystère.
Gwénola David