La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2013 - Gros Plan

DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON

DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON - Critique sortie Avignon / 2013 Avignon Fabrik’ Théâtre
Crédit photo : www.tri-angles.com Légende photo : Christophe Laparra et Frédéric de Goldfiem dans La Solitude des champs de coton.

Fabrik’ Théâtre / De Bernard-Marie Koltès / mes Christophe Laparra et Frédéric de Goldfiem

Publié le 26 juin 2013 - N° 211

Christophe Laparra, artiste associé à la Comédie de Picardie, met en scène et interprète avec Frédéric de Goldfiem, la confrontation entre le Dealer et le Client, figures mythiques d’une rencontre hasardeuse imaginée par Koltès. 

Christophe Laparra et Frédéric de Goldfiem se tiennent sur le plateau nu, avec, pour seul décor, les lumières de Jean-Gabriel Valot et la création sonore et musicale de Jean-Kristoff Camps. Koltès recommandait que le Dealer soit noir, ou vêtu de noir, pour marquer son appartenance au monde de la nuit et du commerce illicite, face au Client, homme du jour et de la légalité, en blanc. Contrairement à ce conseil, les deux comédiens portent des costumes dans les mêmes tons, et suggèrent, comme s’ils étaient interchangeables, que seul importe le rapport entre eux, ou plutôt son échec. Le choix de ces vêtements presque identiques érige les personnages de Koltès à hauteur allégorique. La rencontre improbable, sans temps ni lieu, entre le Dealer et le Client est marquée par le double avortement du désir et du conflit, et ce sont deux espaces mentaux qui se croisent, sans communauté possible.

L’art verbal comme art martial

A la fois négociation commerciale et tractation diplomatique, l’échange entre les deux hommes ne dévoile pas son objet, à moins que celui-ci ne soit le désir lui-même, que le Dealer pourrait satisfaire, si le Client l’éprouvait. A la fin de la pièce, il ne reste plus que la possibilité du conflit : « Alors, quelle arme ? », demande le Client. Toute la pièce n’est donc que la préparation de cette faillite ultime. Christophe Laparra et Frédéric de Goldfiem font le pari d’une austérité scénique ambitieuse. Ils choisissent également de mettre en évidence les contrastes de la langue de Koltès, mélange subtil entre oralité brutale et syntaxe recherchée. Ils disent le texte avec une diction sophistiquée et un grand souci de la musicalité de chaque mot. Leurs corps incarnent également ce contraste entre violence brute et raffinement des postures, et leurs déplacements scéniques ressemblent à une chorégraphie d’art martial. Le Théâtre de Paille réussit un traitement original, raffiné et subtil de ce texte de Koltès.

Catherine Robert

A propos de l'événement

DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON
du lundi 8 juillet 2013 au mercredi 31 juillet 2013
Fabrik’ Théâtre
1 rue du Théâtre, 84000 Avignon

Avignon Off. Fabrik’ Théâtre, 1 rue du Théâtre. Du 8 au 31 juillet à 18h45. Tél : 04 90 86 47 81.
x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur Avignon

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur Avignon en Scènes