Le Dur désir de durer (après-demain, demain sera hier)
La troupe du Théâtre Dromesko se réinstalle, [...]
Arnaud Anckaert met en scène l’histoire d’amour non linéaire que Nick Payne fait naître entre une physicienne et un apiculteur. Un spectacle formellement abouti mais qui demeure très cérébral.
Marianne, spécialiste de physique quantique, rencontre Roland, apiculteur, à l’occasion d’un barbecue. Scénario apparemment banal : ils se rencontrent, s’aiment, se séparent, se retrouvent et doivent assumer leurs choix face à l’adversité. Pourtant, comme le remarque Arnaud Anckaert, « la pièce échappe aux stéréotypes, en développant dans son écriture un système de scènes qui se répètent, en introduisant de subtiles variations de l’une à l’autre. » Partant du principe qu’un même événement est susceptible de connaître plusieurs issues différentes, et qu’il suffit parfois d’un intonation pour que les choses prennent une tournure particulière, aléatoire même si irréversible, Constellations ouvre les portes d’un univers non linéaire, d’un « multivers », comme l’appelle Marianne, où toutes nos décisions coexistent au sein de l’ensemble des possibles parallèles. Appliquant les principes de la physique quantique au théâtre, le jeune dramaturge britannique Nick Payne, ici traduit par Séverine Magois, « stimule notre intelligence en questionnant de grands thèmes comme l’amour, l’infidélité, le temps, la maladie, la mort, le libre arbitre… sans oublier bien sûr les abeilles et la physique quantique. »
Plus mécanique que quantique
Dans un décor de bois clair – semblable, qui sait, au cercueil qui accueillera bientôt Marianne – les deux comédiens jouent cette partition complexe avec une évidente conviction. Noémie Gantier et Maxence Vandevelde explorent les registres que suggèrent les différentes versions compossibles de leur histoire d’amour. Fluidité et talent guident le jeu, mais on peine un peu à s’attacher aux aventures des deux amoureux une fois qu’on a compris le principe de l’écriture et l’issue fatale de l’intrigue. Marianne perd peu à peu ses mots, à cause de la tumeur cérébrale dont elle souffre : Noémie Gantier réussit à incarner subtilement le désarroi et le courage de la jeune femme. Le texte est un exercice de style intéressant, qui offre aux comédiens l’occasion de passer en revue toutes les nuances psychologiques de leurs personnages. L’humour – entre mésaventures des reproducteurs de la ruche et naines cosmiques – offre de savoureuses saillies qui allègent l’intensité du drame. Le spectacle est de bonne facture et les comédiens font preuve d’un indéniable talent, mais l’ensemble a tendance à demeurer un peu froid et assez mécanique.
Catherine Robert
Du 30 janvier au 18 février 2018. Du mardi au samedi à 20h ; dimanche à 16h. Tél. : 01 43 74 99 61. Durée : 1h20.
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