« Françé » de Lamine Diagne et Raymond Dikoumé convoquent intimement le Sénégal, le Cameroun et la France.
Co-auteurs de Françé, Lamine Diagne et [...]
Avignon / 2025 - Entretien / Christophe Lidon
Bérenger va mourir, mais il ne le veut pas ; il s’accroche ! Christophe Lidon réunit une troupe de comédiens fidèles pour explorer la pièce de Ionesco et sonder l’angoisse du Rien à venir…
Pourquoi Le Roi se meurt ?
Christophe Lidon : Ce chef-d’œuvre immortel est devenu quasi intouchable, après l’interprétation flamboyante de Michel Aumont et les 800 représentations données par Michel Bouquet. Je cherchais un texte qui parle d’un monde qui s’effrite avec un dirigeant qui ne s’en rend pas compte. Quoi de plus puissant que la façon dont Bérenger, qui applique son despotisme à tout son entourage, refuse de mourir, et que la manière dont les choses qui s’effondrent l’annulent lui-même ? Plutôt qu’un théâtre de l’absurde, je parlerais d’un théâtre clairvoyant, qui nous force à affronter l’impermanence, ce qui est notre lot, à nous, gens de théâtre, qui vivons le temps d’une représentation, mais qui concerne aussi notre vie et la planète : rien ne dure.
Vous en faites donc une lecture métaphysique ?
C.L. : C’est un texte plus philosophique que métaphysique, puisqu’il n’est pas religieux. Ionesco parle du Rien qui vient après la mort, pas d’un « après la mort ». Cette approche du néant est puissante et particulièrement pertinente, puisque Ionesco réussit à donner théâtralité et rythme à ce mélange de tragique, de drôle et de désespéré. Comme toujours chez les grands auteurs, il n’y a pas une seule couleur dans ce texte qui nous offre un rire interdit, celui qui saisit aux enterrements, un rire qui nous dépasse.
Quelle équipe choisissez-vous ?
C.L. : Valérie Alane, Chloé Berthier, Nathalie Lucas, Thomas Cousseau, Armand Eloi et Vincent Lorimy, sont des comédiens de cœur : nous nous connaissons depuis 20 ans. Ils constituent comme une garde rapprochée pour ce sujet, ils me protègent et me rassurent. Avec eux, la force du théâtre vient de l’habitude du théâtre ensemble. La mise en scène mêle en une seule théâtralité la modernité du quotidien banal d’un homme en train de mourir et la fonction cathartique de cette pièce, qui nous fait ressentir la fin baroque d’un monde. Si cette pièce met en scène un roi, des reines et un royaume, c’est bien parce que chacun de nous est un petit monarque despote. Il s’agit donc de faire mourir ensemble l’intime d’un réel très contemporain et les fastes du théâtre. En ces temps où notre planète est en désespérance, gouvernée par des rois qui ne veulent pas l’accepter, le texte nous rappelle à l’humilité nécessaire pour passer à ce Rien qui est la suite. Que doit faire le théâtre sinon être toujours cet appel à la vigilance ?
Catherine Robert
à 18h10 ; relâche les 9, 16 et 23 juillet.
Tél. : 04 88 60 72 20.
Durée : 1h25.
A partir de 12 ans.
Co-auteurs de Françé, Lamine Diagne et [...]
Adaptant un roman de Michael Morpugo, [...]