Kouta
Hassane Kassi Kouyaté porte en scène une [...]
Christine Berg met en scène Peer Gynt en choisissant un théâtre de foire pour en traiter la féerie, et pérégriner joyeusement aux côtés du fantasque et insolent héros inventé par Ibsen.
« Le premier problème de la longue liste de questions que pose cette œuvre est celui de son énormité. Nous avons raccourci les sept heures initiales à une version de 2h10, tout en gardant l’essence de chaque chose et la mosaïque de ce poème dramatique, dans lequel chacun s’inscrit avec son geste. La deuxième interrogation a porté sur la forme à donner à cette épopée, voyage à travers les continents et parcours de vie. Avec Pierre-André Weitz, le scénographe, nous avons choisi d’inscrire la pièce dans un théâtre de foire, avec une grande arène, comme dans un cirque, qui permet de faire apparaître la féerie, les trolls, les monstres, les sorcières, et d’aborder tous les univers. Cela permet aussi de résoudre la question de la distribution. Sept acteurs et deux musiciens incarnent les quarante personnages. Il est d’emblée clair que chaque acteur va jouer différents personnages et qu’on va procéder par apparitions et sorties de chapeau.
Comment vivre, puisqu’il faut vivre ?
La quête de Peer Gynt est une formidable interrogation sur notre vie et le point de vue qu’on adopte sur elle. Est-ce que cette vie doit être exemplaire, à la manière de celle de Brand, autre héros ibsénien, ou est-ce que nos choix ne sont que des renoncements, des fuites, imposés par le monde et la société ? Malgré les errances, tout cela constitue notre vie et il faudra bien l’accepter comme telle. Comme dans tous les voyages initiatiques, Peer Gynt passe par moult événements avant de revenir, à la fin de sa vie, à son point de départ, c’est-à-dire à Solveig. Dans toutes ses réussites, ses joies, ses échecs, il a été lui-même. Ce qui me fascine avec Peer Gynt, c’est que c’est un mythe comme Don Quichotte ou Faust qui nous embarque dans des endroits inconnus. Le théâtre nous éclaire et nous perd à la fois, dans une fantaisie formidable et virtuose. »
Propos recueillis par Catherine Robert
Du 8 mai au 8 juin 2014. Du mardi au samedi à 20h ; le dimanche à 16h. Tél. : 01 43 28 36 36.