Kouta
Hassane Kassi Kouyaté porte en scène une [...]
Laurence Renn-Penel met en scène les obsessions de cinq femmes détenues dans une pièce écrite par Koffi Kwahulé et habitée par le jazz.
« J’ai découvert Misterioso 119 en 2008. J’avais animé pas mal d’ateliers en prison et les monologues de ces femmes enfermées m’ont paru bouleversants. Dans La prison, un lieu de soin ?, Anne Lécu parle de ce bavardage, de cette parole incessante qui, en prison, tourne en rond pour combler la solitude. Ici, les femmes parlent d’intime, de leurs manques de sensualité, d’affection, de sexualité aussi. C’est un texte obsessionnel parcouru de solos, de duos et de chœurs. Ces cinq détenues vont tuer et manger leur intervenante artistique, victime consentante de cette dévoration. La pièce trace ainsi une sorte de parcours christique de cette intervenante qui prend en charge les souffrances de la meute. Elle fait aussi référence aux événements du 11 septembre et donne à réfléchir à la disparition du corps, à ce que l’Occident fait avec ses corps.
« Une écriture étrange »
Le texte est d’un seul bloc, sans didascalies. C’est une écriture étrange dont la rythmique ne reproduit pas le Misterioso de Monk mais impose un rythme interne dans lequel il est important de rentrer. Nous travaillons avec Frédéric Gastard, saxophoniste, pour créer à partir de là une sorte d’opéra-théâtre fortement parcouru de sax basse. Dans ce texte compact, j’ai quand même tenu à créer six histoires, six parcours de vie. Les paroles de ces femmes sont universelles, le texte hyper-sensible. Koffi Kwahulé a parfaitement capté la psychologie féminine et, au plateau, nous nous y retrouvons toutes. Sur scène, la prison apparaîtra comme une arène symbolique sur deux étages pour un spectacle en fin de compte assez drôle mais aussi d’une violence tragique. »
Propos recueillis par Eric Demey
Du 9 mai au 8 juin, du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30. Tél : 01 43 28 36 36.