« Le Journal d’un fou » : Ronan Rivière et son collectif La Voix des Plumes ont signé avec cet opus une adaptation réussie
Ronan Rivière et son collectif La Voix des [...]
Pour sa première création au Quai en tant que directeur du lieu, Marcial Di Fonzo Bo investit avec talent un texte de l’autrice allemande Rebekka Kricheldorf. Tirée des Trois Sœurs, cette comédie aux arêtes mordantes transporte les doutes existentiels de la pièce de Tchekhov au cœur de notre monde contemporain.
Avant-dernière pièce d’Anton Tchekhov, écrite en 1900, Les Trois Sœurs nous place à la lisière de deux mondes, de deux époques. Elle nous amène à observer le quotidien sans relief de personnages coincés dans des existences aux perspectives incertaines. Le temps file et les rêves s’envolent. S’expriment ainsi, à travers les errances d’êtres désenchantés, les vertiges d’une société qui voit ses repères disparaître. Une société qui, ne croyant plus en son présent, regarde en direction d’un avenir qu’elle n’aura pas l’opportunité de connaître. Cet avenir, c’est maintenant, c’est notre XXIème siècle. Plus de cent ans ont passé. Les appels poignants à la vie et à la joie d’Olga, l’ainée des sœurs Prozorov, ses injonctions au bonheur, pourraient être lancés aujourd’hui dans des circonstances similaires, pointant du doigt notre propre futur, éclairant les mêmes impasses et les mêmes tourments. C’est ce que fait judicieusement Marcial Di Fonzo Bo dans Dolorosa – Trois anniversaires ratés. A l’occasion de belles scènes de clair-obscur, le directeur du Quai enchâsse des extraits des Trois Sœurs au sein de la comédie cruelle qu’a écrite Rebekka Kricheldorf, en 2009, à partir de ce classique (la traduction française est de Leyla-Claire Rabih et Frank Weigand).
Marie-Sophie Ferdane : une Olga virtuose
Fidèle aux thèmes qui composent l’œuvre de Tchekhov, l’autrice allemande (née en 1974) imagine l’existence qu’Irina (Camille Rutherford), Macha (Elsa Guedj), Olga (Marie-Sophie Ferdane), leur frère Andreï (Alexandre Steiger), l’épouse de de ce dernier (Juliet Doucet) et son unique ami (Jean-Christophe Folly) mèneraient s’ils vivaient à notre époque. Cette transposition soulève un humour acéré et une spontanéité toute contemporaine. Les mêmes questions se posent, mais de manière plus crue, plus résolument cocasse aussi, que dans la version originale du texte. Allant d’une fête d’anniversaire (ratée) à une autre, Irina célèbre ses 28 ans, ses 29 ans, ses 30 ans. Comme ses proches, elle fait le constat amer d’une vie qui ne correspond pas à ses aspirations profondes. Mais, très vite, c’est surtout vers Olga que se tournent nos regards. Interprétées de façon magistrale par Marie-Sophie Ferdane, les ambivalences de la jeune femme nous aimantent. Tour à tour rude, espiègle, cinglante, fragile, exaltée…, la comédienne devient le centre d’une représentation à la densité multiple. Antidote à la détresse, la drôlerie de ce théâtre n’est pas gratuite. Le rire met lui aussi en évidence les ombres du désarroi.
Manuel Piolat Soleymat
et du 25 au 28 février 2025 à 20h. Durée : 1h55. Tél. : 02 41 22 20 20. www.lequai-angers.eu
Également, du 6 au 8 novembre 2024 au TNBA - Théâtre national Bordeaux Aquitaine, du 5 au 15 mars 2025 au Théâtre du Rond-Point à Paris, du 19 au 27 mars au Théâtre National de Bretagne à Rennes.
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