Cent Mètres papillon de Maxim Taffanel

Presque 9000 kilomètres au compteur. A la nage. Le matin et le soir comme l’exige l’entraînement, tandis que les week-ends sont rythmés par les compétitions. Entre le plaisir de la glisse et la dictature du chronomètre, entre le rêve et le doute, l’enthousiasme et l’épuisement, c’est un périple particulièrement prenant qu’a vécu Maxime Taffanel, et qu’il parvient à réinventer de belle manière sur scène grâce à une écriture précise, exigeante et fortement engagée. Nageur de haut niveau devenu comédien, il a choisi d’être l’auteur et l’interprète de son expérience personnelle, en imaginant le parcours de Larie, 16 ans, qui rêve de devenir champion de natation. Soit un parcours d’exception, bien que redoutablement routinier, que la scène transforme par le prisme du langage et du jeu théâtral, en l’agrémentant d’une tonalité loufoque voire parfois cruelle.

Tout un monde de sensations singulières

Minutieusement construite, ponctuée de quelques traits d’humour, notamment dans l’interprétation du coach, la partition théâtrale qu’il crée frappe par sa sincérité de chaque instant, son implication millimétrée, la qualité de son jeu qui convoque autant les mots que le corps. Sans aucun artifice, il conjugue avec finesse les diverses facettes d’une expérience à la fois très solitaire et implacablement exposée aux regards et aux verdicts. Bien au-delà d’une simple narration, la performance qu’il accomplit fait émerger tout un monde de sensations singulières nées de sa relation à l’eau : la symphonie du souffle, la sonorité des gestes, l’intensité de l’effort, l’appui du courant, le mouvement de la glisse… Maxime Taffanel accomplit une mise en jeu profondément originale, et confirme son talent : à la fois aède et athlète de la scène !

Agnès Santi