Celui qui dit oui / Celui qui dit non, le diptyque de Brecht achevé par Martin Matalon

Opéra conçu pour être interprété par des voix d’enfants, le diptyque Der Jasager / Der Neinsager (Celui qui dit oui / Celui qui dit non) s’inspire d’un conte issu du théâtre Nô. Au cours d’une pérégrination dans la montagne pour aller chercher un traitement afin de soigner sa mère souffrante, un enfant succombe. L’usage veut qu’il accepte d’être abandonné par ses compagnons de route. Mais dans le Neinsager, le malade refuse cette tradition. L’alternative entre le sacrifice pour le bien commun et la remise en question de l’ordre établi, au cœur de cet opus didactique, est une thématique centrale de la pensée brechtienne. Seul le Jasager avait été mis en musique par Weill – avec une diffusion radiophonique de la création en 1930. Avec la fuite face au nazisme et l’exil, Weill n’a pas écrit la partition pour le second volet.

Une création en partenariat avec l’Orchestre Régional de Normandie

Cinquante-six ans après la première française sur sa propre scène, le Théâtre de Caen propose une version opératique enfin achevée du diptyque, en commandant à Martin Matalon – lequel a déjà deux opéras à son catalogue, dont L’Ombre de Venceslao qui a bénéficié d’une large tournée en France – une partition pour le Neinsager. Réalisée en partenariat avec l’Orchestre Régional de Normandie, qui sera dirigé par Opdebeeck, et la Maîtrise de Caen, la production est confiée au duo formé depuis près de vingt ans par Delphine Lanza et Dorian Rossel, dont le Théâtre de Caen avait donné des spectacles adaptant des films, comme Le Dernier Métro, ou des romans, à l’instar de Laterna magica d’après Bergman.

Gilles Charlassier