La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Cannibales

Cannibales - Critique sortie Théâtre Malakoff Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff
: Claire Nebout, Lara Suyeux et Marja-Leena Junker dans Cannibales. Crédit visuel : Claire Besse

Théâtre 71 / texte et mes José Pliya

Publié le 24 janvier 2015 - N° 228

L’auteur et metteur en scène José Pliya crée Cannibales à la Scène nationale de Malakoff. Marja-Leena Junker, Lara Suyeux et Claire Nebout interprètent ce jeu de miroirs déformant autour de la question de la maternité.

C’est suite à une commande de la Compagnie de la Comédie Noir (alors dirigée par le comédien et metteur en scène Jacques Martial) que José Pliya écrit Cannibales, en 2002. Créée deux ans plus tard au Théâtre national de Chaillot, cette partition pour trois comédiennes est aujourd’hui mise en scène, par l’auteur, au Théâtre 71. Faisant le choix du plateau nu, le spectacle abstrait et sans décor conçu par José Pliya prend ses distances avec la représentation aux teintes plus réalistes signée par Jacques Martial en 2004. Dans cette nouvelle version de la pièce, aucun banc n’apparaît dans le parc municipal au sein duquel font connaissance les trois protagonistes. Pas plus d’arbre ou d’autre élément figuratif. Tout juste deux chaises et un chariot de supermarché qui fera figure de landau, à la fin de la représentation. C’est donc uniquement par les mots et le jeu des interprètes – à la manière d’une joute verbale tantôt à deux, tantôt à trois voix –  que Cannibales nous parvient, déployant les ressorts et les méandres d’une disparition d’enfant dont le mystère change de nature au fil du spectacle.

Trois personnalités en souffrance

Cette disparition agit sur les trois femmes comme un détonateur à effet progressif. Prises dans le jeu de miroirs déformant des simulacres sociaux, Christine (Lara Suyeux), Nicole (Marja-Leena Junker) et Martine (Claire Nebout) se laissent d’abord aller à ces fausses apparences, avant d’éclairer, les unes après les autres, les replis de leur personnalité torturée. Il y a quelque chose de très habile dans cette façon de faire résonner les différentes strates de cette énigme dans l’espace vide d’un plateau de théâtre. Eloignées les unes des autres ou alors, plus rarement, corps contre corps, les trois comédiennes font sonner leurs répliques, en dehors de tout artifice psychologique, comme autant de plaidoiries ou de réquisitoires. Tout cela passe par des hauts et des bas, par des moments d’une belle intensité, comme par d’autres, moins convaincants. Pourtant, au-delà de ces irrégularités, le spectacle nous emporte. Nous égare et nous surprend. Instaurant un climat d’obscurité de laquelle ne surgiront que peu d’éclats de lumière, Cannibales nous entraîne dans un labyrinthe dangereux. Un labyrinthe dont les impasses se heurtent aux thèmes de la maternité, du manque, de l’excès de souffrance…

Manuel Piolat Soleymat

A propos de l'événement

du mardi 20 janvier 2015 au jeudi 12 février 2015
Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff
3 Place du 11 Novembre, 92240 Malakoff, France

Théâtre 71 – Scène nationale de Malakoff, 3 place du 11 novembre, 92240 Malakoff. Du 20 au 30 janvier 2015. Les mardis et vendredis à 20h30 ; les mercredis, jeudis et samedis à 19h30, les dimanches à 16h. Durée de la représentation : 1h10. Tél. : 01 55 48 91 00. www.theatre71.com.

Egalement les 12 et 13 février 2015 au Théâtre national du Luxembourg, le 20 février au Théâtre du Passage à Neuchatel.

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