Nocturne #2
Entre danse et récit : deux spectacles de [...]
D’un noir aussi profond que l’encre de Chine, la matière utilisée par Eric Arnal-Burtschy ouvre sur un mystère et inquiète les corps.
Tout le travail de Bouncing Universe in a Bulk : the sky repose en effet sur le traitement scénique d’une matière fluide qui recouvre le plateau. Eric Arnal-Burtschy a trouvé là l’espace de jeu idéal pour offrir aux corps une échappée belle : attention, terrain glissant, car la masse visqueuse est instable et provoque des états de danse parfois incontrôlables. Mais c’est avant tout l’effet visuel qui prime sur la réception du spectateur. La lumière, savamment travaillée, se reflète dans cet infini ou en sculpte les espaces. Les corps jettent leur nudité dans ce bain de pétrole, se muent en étranges figures et abandonnent leur humanité pour revêtir la peau d’ombres angoissantes. Passés certains effets où les glissades aller-retour ne montrent que la délectation des interprètes à éprouver les possibilités de la matière, l’univers noir de ce chorégraphe autodidacte vient nous posséder peu à peu.
Nathalie Yokel