Progénitures
La danseuse et chorégraphe Tal Beit Halachmi [...]
José Alfarroba, directeur du Théâtre de Vanves, livre son regard sur quelques spectacles issus de cette quinzième édition d’Artdanthé.
« C’est difficile de mettre en lumière quelques projets parmi la soixantaine de spectacles du festival ! On pourrait commencer par deux spectacles qui viennent du Québec : Je suis un autre de Catherine Gaudet, et Mygale de Nicolas Cantin. Je me suis battu pour les avoir, et c’est une relation qui dure avec le Québec, puisque notre partenaire le théâtre de la Chapelle à Montréal fait lui-même son Artdanthé ! Catherine est une toute jeune chorégraphe et c’est son deuxième spectacle : une pièce à tiroirs, très dansée, avec deux interprètes magnifiques. Nicolas vient lui aussi de la danse, mais a conçu une installation pour corps et voix qui met en scène des êtres écorchés vifs, dans une impasse ou un no man’s land. Il nous cuisine à petit feu, laisse la possibilité au spectateur d’aller plus loin dans sa perception des choses, le tout dans une tension extrême.
Regard narquois
Je porte également un grand intérêt au travail du collectif Les Chiens de Navarre, auxquels nous consacrons toute une nuit ! J’aime beaucoup l’état d’esprit qui accompagne ce collectif depuis le début, sans doute à travers le côté politique de leur démarche. Ils posent un regard narquois sur le monde d’aujourd’hui qui me touche. J’aime aussi le côté happening, l’explosion du texte et du corps, leur façon de provoquer. Ils jouent avec le public, ce qui ne manque pas de le désarçonner, tout du moins de questionner le spectateur. Ils excellent dans l’art de faire du laid avec du beau, et inversement. Cette quinzième édition d’Artdanthé sera donc l’occasion de voir trois de leurs projets ainsi qu’une création, avec, pour celle-ci, un partenariat renouvelé avec la Maison des Arts de Créteil et les Bouffes du Nord. J’aimerais aussi attirer l’attention sur Noé Soulier, un jeune chorégraphe qui est à la danse contemporaine ce que la nouvelle cuisine est à la cuisine traditionnelle : avec les mêmes ingrédients, il fait d’autres recettes, il revisite le discours théorique de la danse classique et de la danse contemporaine. Là aussi, nous proposons un parcours dans son œuvre, à travers trois solos. Pour finir, n’oublions pas Benjamin Porée, qui vient du théâtre, mais à qui j’ai passé commande d’un objet chorégraphique avec deux comédiens. Cela donne Sublime ou rien, sur la question du double, de Pina Bausch, du rock… »
Propos recueillis par Nathalie Yokel