Avec Anastasia

« J’ai rencontré Anastasia dans son lycée, à Orléans, où je donnais des ateliers. J’ai été happé par son aisance d’autodidacte, sa personnalité aussi ; elle chante magnifiquement et est une adepte du coupé-décalé, entre autres… Quand le Théâtre Brétigny m’a offert une carte blanche autour de l’adolescence, j’ai tout de suite proposé de créer un solo avec elle. J’ai re-convoqué les principes de travail mis en place dans Pour Ethan, pièce avec un autre adolescent, sur laquelle je travaillais alors. Ce sont des outils qui permettent d’accélérer la rencontre : qu’est-ce que j’ai envie de demander à l’autre, de connaître de lui ? L’interprète me met alors au travail, tout autant que l’inverse. Nous avons, assez rapidement, eu l’occasion de commencer à présenter en public des étapes de ce processus ; c’est ce que nous ferons également à Avignon cet été, avant la création définitive, en novembre 2015.

Voir une personne dire je sur scène

En commençant cette démarche avec Anastasia, j’ai immédiatement été saisi par la singularité de son parcours – sa famille a quitté la Guinée suite à un renversement politique –, qui a façonné une puissance hors du commun. Avec des loisirs, des doutes et des désirs d’adolescente, elle est déjà une adulte qui, maintenant que ses parents sont repartis en Afrique, s’occupe au jour le jour de ses petites cousines et de la maison. Exposer un tel parcours sur scène porte, nécessairement, une dimension politique. En parlant de ce que l’on connaît le mieux, on ouvre sur des questions qui dépassent largement l’individu : ce qui me bouleverse, plus que tout, c’est de voir une personne dire je sur scène. »


Propos recueillis par Marie Chavanieux