Pièce d’actualité n° 3, 81 avenue Victor Hugo
Olivier Coulon-Jablonka, metteur en scène de [...]
Après avoir exploré le temps en compagnie d’Augustin, Denis Guénoun et Stanislas Roquette persévèrent dans l’être sur les traces de Spinoza, continuant de croiser philosophie et théâtre.
Comment mettre en œuvre physiquement et scéniquement une expérience de pensée ? Le travail commencé par Denis Guénoun et la compagnie Artépo avec Platon et Augustin, inaugure une nouvelle étape exploratrice en cheminant dans le labyrinthe géométrique de l’Ethique, guidé par l’éclairage heuristique de Gilles Deleuze. Le but de ce travail est de « tenter un transfert » de la philosophie vers la scène, transformant la question philosophique de ce que peut un corps en problème scénique : « il ne s’agira pas de figurer ou d’illustrer la question par des situations, mots ou gestes, mais plutôt d’envisager comment le problème peut se poser comme problème de plateau : séquence d’actions, moments de présence, discours physique », dit Denis Guénoun. L’équipe, composée d’une dizaine d’artistes, s’attache à déterminer, pratiquement mieux que spéculativement, ce que peut physiquement le théâtre.
La pesanteur et la grâce
Le titre du spectacle, Aux corps prochains indique, par sa polysémie, la complexité de son adresse : il ne s’agit pas seulement de mettre en scène une dissertation sur celui que Deleuze appelait « le prince des philosophes », mais de convoquer les corps dans l’imminence de leur possibilité : « ils sont là, ils arrivent ». Le miracle de leur surgissement et de leur potentiel que le jeu rend efficace demeure une énigme pour le théâtre : « Cette surprise (physique) est l’élément même de l’art. Elle fournit à l’art son propos le plus opiniâtre : s’étonner du monde, tel qu’il est, imprévu pourtant. C’est ce savoir-là qui nous fait défaut et que l’art explore. » Ces corps, proches les uns des autres, sont aussi nos prochains, « comme on les aime, plus et mieux que soi ». « On le voit, la question est celle de la grâce. C’est bien la grâce du corps qui échappe à notre savoir constitué. Tout ce que nous savons du corps concerne sa lourdeur, sa pesanteur, son inertie. La grâce est ce qui nous échappe, et avec lui nous soulève. »
Catherine Robert
Du mardi au vendredi à 21h. Tél. : 01 53 65 30 00.
Olivier Coulon-Jablonka, metteur en scène de [...]