La Mousson d’été : un festival pour partager l’amour des écritures théâtrales contemporaines
Du 24 au 30 août 2023, l’Abbaye des [...]
Que ferions-nous si nous n’avions pas de limites ? Baal est un poète ; Baal est aussi un porc. Armel Roussel met en scène le texte de Brecht sans concessions : comme une fête iconoclaste, joyeuse, ivre et folle.
« Baal est la première pièce de Brecht, écrite à 19 ans. Mais c’est aussi son ultime texte, puisqu’il en a écrit cinq versions, dont la dernière un an avant sa mort. Je suis parti de la première version, plus chorale et plus brute, même si le personnage de Baal y est déjà central. L’évolution de ces versions est passionnante, et ce personnage hors normes, qui interroge poétiquement sa position dans la société, est fascinant. Brecht dit de cette pièce qu’elle est contemporaine de celui qui la met en scène. J’en fais le pari ! La donnée épique croise donc un questionnement sur l’époque et ce texte interroge notre société de manière résolument originale. Baal est un poète et c’est un salaud, un porc. Il n’est ni un héros, ni un antihéros, mais un être complexe que j’ai abordé à hauteur d’homme. Et parce que j’essaie toujours de donner une dimension festive à mes spectacles, j’ai voulu celui-là comme une fête de la pensée, des idées, une fête provocatrice. Sans doute ce spectacle n’est-il pas politiquement correct, mais je répugne aux spectacles moralisateurs qui assènent quoi penser.
Antisocial, immoral, rock’n’roll !
Baal est un poète à cours d’inspiration et en quête d’amour absolu. Il se confronte sans cesse aux échecs, dus à son inaptitude sociale et à la rigidité du système dans lequel il ne se reconnaît pas. Qu’il soit dans un bar populaire ou dans un café littéraire, Baal n’arrive pas à entrer dans les codes. Il est toujours en rejet, en rupture. Il peut se montrer violent. Baal n’est pas un personnage aimable : sans doute est-ce pour cela que je l’aime bien ! Sur scène, neuf acteurs et actrices prennent en charge toute l’histoire et tous les personnages autour de celui de Baal. Un grand plateau, un bar au milieu d’une forêt, un espace unique que transforment la lumière et la musique en live : voilà pour le décor. Les niveaux de lecture sont multiples : la pièce est à la fois dynamique, très poétique sans être abstraite, complexe et concrète. Elle interroge la manière dont on se détermine, librement ou pas, dans l’époque à laquelle on vit, la manière dont on gère ses pulsions et la manière dont on aménage les catégories morales. C’est une pièce intrigante qui oblige le spectateur à se questionner sans lui servir de réponses toutes faites. En cela, elle est dérangeante : comme Baal, elle est tout sauf accommodante. »
Propos recueillis par Catherine Robert
Du mardi au samedi à 20h, le dimanche à 16h. Tél. : 01 43 28 36 36. Durée : 2h30.
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