« Frantz », une séduisante création concoctée par Marc Granier
Texte, mime et bruitages, Frantz est la [...]
Au travers d’un virtuose seul en scène au titre parodique, Au nom du Père, du Fils et de Jackie Chan, Matthias Fortune Droulers joue avec l’anamnèse psychothérapeutique pour révéler comment l’icône des arts martiaux Jackie Chan lui a permis de se réconcilier avec son passé.
Une intonation doucereuse gourmande Milou, un petit chien nerveux, à l’aboiement facile. C’est la psychothérapeute qui accueille un patient aux prises avec des crises d’angoisse et les traumatismes de son passé. Au cours de la séance qui reprend le fil des précédentes, Arthur revient sur son enfance au milieu de personnes porteuses de handicap, dans le foyer communautaire fondé par ses parents, qui y ont trouvé un moyen d’exorciser leurs propres blessures, ou plutôt de les fuir. Apparaît alors la figure de Jackie Chan, acteur chinois qui utilise les arts martiaux avec un sens du burlesque digne de Chaplin ou Keaton, et dont le petit Arthur dévore les films. La manière dont la star du cinéma nargue les souffrances subies pendant ses dures années d’apprentissage, mais aussi les risques qu’il prend dans ses cascades, va aider le jeune homme à surmonter la marginalisation induite par un environnement atypique, pour, finalement, réparer la mémoire transgénérationnelle.
Une impeccable mécanique vocale
Au fil de la vingtaine de voix qui jalonnent le récit, les deux destinées se télescopent, avec une étourdissante virtuosité, sans jamais perdre le public. La maîtrise exemplaire de la déclamation, du rythme et des calembours, y est évidemment pour beaucoup, livrant en quelques mots et gestes un condensé de personnages, d’hier et d’aujourd’hui, avec un humour qui, dans l’esquisse des déficiences, évacue toute malveillance. Dans ce seul en scène sans temps mort, les caractères sont souvent contraints aux stéréotypes. Ce ne sont pas les bruitages de Léo Grise, certes d’une évidente mais prévisible efficacité, en particulier dans les simulations de combats chorégraphiées par Maurice Chan, qui le démentiront. Cela n’empêche pas l’émotion d’affleurer d’une manière personnelle, lors de l’évocation du déclin du père, atteint par Alzheimer, avec une pudeur cependant un peu furtive. La prise de congé de la thérapeute signe la fin de la séance et du spectacle : en un peu plus d’une heure, l’exercice est réussi avec brio et applaudissements.
Gilles Charlassier
à 16h25, relâche les 9 et 16 juillet. Tél : 04 90 03 01 90. Durée : 1h15.
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