Vertigineux, « FAKE » de la Cie Le Souffleur de Verre démaquille la réalité.
Julien Rocha et la compagnie Le Souffleur de [...]
La comédienne et metteuse en scène Anne Conti donne corps à un texte inédit de Virginie Despentes, écrit en 2020. Une parole rythmique, désirante, qui appelle à la transformation. Une traversée sensible qui appelle à réparer et inventer notre futur commun.
On se souvient d’Anne Conti impressionnante de sincérité dans Stabat Mater Furiosa de Jean-Pierre Siméon (vu à Avignon en 2009), cri de révolte accompagné déjà par Rémy Chatton aux cordes et Vincent Le Noan aux percussions. Lorsqu’elle a découvert sur YouTube le texte de Virginie Despentes, lu par l’autrice lors d’un séminaire public et performatif organisé par Paul B. Preciado au Centre Pompidou en octobre 2020, la comédienne et metteuse en scène a été tellement touchée qu’elle a voulu en partager le souffle et le sens sur une scène de théâtre. Dans une adresse directe, la parole appelle à une bifurcation de l’histoire, s’élevant contre des frontières qu’on pense immuables, insistant sur la perméabilité de chaque être au monde et aux autres. « C’est qu’il faut prendre conscience des liens invisibles. » C’est pourquoi Virginie Despentes prône dans son puissant désir de changement une liberté vouée à essaimer. « Contre la lourdeur de nos consciences, il y a la plasticité du réel. »
Un chantier précaire et une quête volontaire
Anne Conti, qui affirme que les combats de l’autrice sont les siens, s’avance pour dire cette parole rythmique, cadencée, dans une tonalité musicale plutôt rock riche de nuances et variations (dont un chant arménien, Kélé kélé). Sur le plateau sculpté par les lumières de Laurent Fallot, des ruines évoquent l’effondrement du monde, avec parpaings et débris. Dans la mise en scène qu’elle réalise en complicité scénographique avec Phia Ménard, Anne Conti figure l’instabilité, la recherche, la colère, le désir, jusqu’à faire place à l’élévation et la beauté de notre unique univers, infiniment menacé et vivant – les projections sont signées par Cléo Sarrazin. Anne Conti met en œuvre une traversée opiniâtre, un chantier incertain qui face à l’adversité affirme son humanité désirante et agissante, où se mêlent force et fragilité. On ne peut s’empêcher de penser qu’en 2025, si le covid a quasi disparu des radars, la situation n’incite guère à la ferveur optimiste. Le fascisme et la cupidité progressent à grande vitesse et à grande échelle, tandis que bien trop souvent une soi-disant insoumission au vieux monde reproduit les schémas de confiscation du pouvoir et affiche sans vergogne des poncifs fascisants. « Et si on dit révolution, il faudra dire douceur. »…
Agnès Santi
à 18h, relâche les 8, 15 et 22 juillet.
Tél. : 04 84 51 09 11.
Durée : 1h.
Spectacle vu à la Maison de la Culture de Sallaumines.
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