Artdanthé
Le festival concocté par le Théâtre de Vanves [...]
Presque vingt ans séparent les deux pièces Le Parc et Les Nuits : deux façons magnifiées de parler de l’amour, incarnées ici par deux compagnies de ballet : celle de l’Opéra de Paris et celle du Ballet Preljocaj.
Cette double affiche montre à quel point le langage du chorégraphe fonctionne à plein régime lorsqu’il est incarné par des danseurs à la technique classique irréprochable. Avec Le Parc, que le Ballet de l’Opéra de Paris reprend à la Maison des Arts de Créteil, on a pu garder en mémoire durant toutes ces années l’image de ce baiser aérien, immortel, matérialisé par une étreinte tourbillonnante qui, en d’autres occasions, a déjà fait le tour du monde. Avec cette pièce, le chorégraphe grave dans la virtuosité une écriture qu’il cisèle dans la rencontre entre les corps : prenant appui sur la carte du tendre, il balaye les états amoureux, de la curiosité à l’attirance, en passant par la séduction, la fougue, la sensualité, ou la retenue… Dans ce parc, il n’est pas question d’un jardin d’Eden, mais d’un jardin des délices subtil et enchanteur.
Deux visions de la sensualité
Ce jardin des délices, il le transpose presque vingt ans plus tard en reprenant à son compte l’imaginaire oriental, dans sa pièce Les Nuits. Mais attention, à côté de la sensualité, de l’érotisme même, le chorégraphe s’en remet également à la violence pour dépeindre ce monde bordé par la Méditerranée. Il donne à la femme, et non au couple, une place primordiale, à travers notamment la figure de Shéhérazade, guerrière et émouvante. Au final, c’est un Orient sombre et mystérieux qui ressort de ces Nuits, un Orient baigné d’ambiguïtés qu’Angelin Preljocaj dépeint en multipliant les tableaux. D’une facture plus contemporaine que Le Parc, la pièce possède moins de subtilités et fonctionne davantage sur l’impact visuel et sonore auquel des collaborateurs de renom ont largement contribué, comme le styliste Azzedine Alaïa et la chanteuse Natacha Atlas.
Nathalie Yokel
Le festival concocté par le Théâtre de Vanves [...]