Le Champ de Bataille : un seul en scène drôle et touchant mis en scène par Denis Laujol
Denis Laujol porte à la scène le roman Le [...]
Vanessa Sanchez adapte et met en scène l’histoire d’amour impossible entre Victoire et Céleste. Un joli spectacle, qui touche par la sincérité de son engagement et l’authenticité de ses interprètes.
Admettons que Monsieur trousse la bonne : il faut bien que le corps exulte. Passe encore qu’il l’engrosse : les hanches larges des domestiques sont naturellement plus accueillantes que les sveltes bassins des bourgeoises. Mais si Madame décide de garder l’enfant et de tomber amoureuse de sa mère, il y a là des limites que la morale et la religion interdisent de franchir. Si les mâles dominants peuvent asservir les femmes, qu’ils les épousent ou les emploient, il est franchement insupportable que les dominées prennent leur pied ensemble au nez et à la barbe des détenteurs de la jouissance légitime. La fable inventée par Léonor de Récondo est fort habile : elle montre que le mépris de classe et la violence conjugale reposent sur le même instinct de propriété, indiscutable aux yeux de la bourgeoisie et des curés.
Sublime beauté des mauvaises herbes
Vanessa Sanchez adapte le texte original avec un sens évident de la progression dramaturgique et de la mise en scène. La danse, les marionnettes et le jeu se complètent pour raconter l’histoire tragique et touchante des amours impossibles entre Victoire et Céleste. Déborah Coustols (Victoire), Aurélia Poirier (Céleste) et Emmanuel Leckner (Anselme, le phallocrate cocu) interprètent avec talent tous les protagonistes de cette fable sur le désir des femmes et leur capacité à faire couple et famille à l’abri de la brutalité des hommes et du poids du patriarcat. La mise en scène est ralentie par des changements de décor parfois superflus : l’universalité de cet éloge de la liberté aurait gagné à davantage d’épure. À preuve la dernière scène, où Céleste danse son agonie sur un simple et beau parterre de pétales, qui suggèrent le saccage subi par ces deux fleurs, qui ont cru pouvoir se suffire à elles-mêmes pour faire un bouquet. Reste, cependant, un spectacle touchant et des talents prometteurs à sa réalisation.
Catherine Robert
à 14h05. Relâche les 13, 20 et 27 juillet. Tél. : 04 32 74 18 54. Durée : 1h40. Repris le 31 janvier 2023 à Lucé et le 17 mars à Luynes, au festival bruissement d’elles.
Denis Laujol porte à la scène le roman Le [...]