AlShe/Me et Recovering de la chorégraphe Linda Hayford

Elle se dévoilait poppeuse pour la chorégraphe Anne Nguyen, puis devenait danseuse de house électrisante, au sein de Paradox Sal, le groupe lancé par Ousmane Sy. Linda Hayford a traversé une multiplicité de styles hip-hop debout, des funkstyles au new style. Une polyvalence qui a nourri son esthétique intense, expressive et physique, qui surgissait avec véhémence dans son solo Shapeshifting en 2016. Elle y inaugurait le Shifting pop, ou « popping émotionnel », méthode chorégraphique de son cru, qu’elle transmet maintenant à ses interprètes. Et depuis 2019, cette bretonne a investi avec les autres membres du collectif FAIRE, composé de chorégraphes hip-hop de différents horizons, le centre chorégraphique de Rennes, pour faire exister son esthétique singulière au sein de ce projet commun.

As des métamorphoses

A travers ses dernières créations, Linda Hayford tire le fil de transformations intimes, à travers différents contextes. Dans AlShe/Me (2019) – à prononcer « alchimie » – elle déplie un duo sensible avec son frère, qui explore le lien profond et invisible qui unit deux proches, et en profite pour questionner l’identité, qui se construit autant à travers les similitudes que les différences. Puis, dans sa dernière pièce Recovering (2022), elle interroge comment on se reconstruit après un événement traumatique : « Je voulais questionner ce qu’il se passe après un trauma, cet événement qui modifie profondément un comportement ou un fonctionnement bien rodé, qu’il soit dramatique ou pas », explique la chorégraphe. Le musicien envoûtant Nosfell signe la bande son, jouée en direct, pour donner encore plus de corps à cette introspection captivante.

Belinda Mathieu