Alcina

L’étoile rossinienne de Cécilia Bartoli n’a jamais pâli en trente années de carrière internationale. Il y a tout juste un an, la mezzo-soprano italienne le rappelait en interprétant son rôle-fétiche de La Cenerentola à l’Opéra royal de Versailles. Mais c’est en ajoutant toujours de la nouveauté à la constellation de ses rôles qu’elle est devenue diva iconique, n’hésitant pas à revisiter les traditions : sa prise de rôle dans Norma de Bellini, à Salzbourg en 2013, allant contre l’usage d’y faire entendre une soprano dramatique aux aigus aiguisés, avait ainsi fait couler beaucoup d’encre (qui n’est toujours pas sèche après les représentations données ici même au Théâtre des Champs-Élysées la saison dernière). Cette proposition est celle d’une artiste qui pense la musique : elle ne pouvait, par exemple, se concevoir avec un orchestre moderne et Cecilia Bartoli avait conçu sa Norma pour des instruments d’époque. C’est que la chanteuse a progressivement pris le temps de s’acclimater à ces couleurs – étrangères à beaucoup de stars des grandes scènes lyriques – en interprétant de plus en plus le répertoire baroque aux côtés de véritables connaisseurs. Cecilia Bartoli est devenue indispensable aux rôles haendeliens et cette Alcina venue de Zurich, dans une mise en scène de Christoph Loy justement saluée par la critique, en est une nouvelle illustration. Comme en Suisse, elle sera sur scène en compagnie de Philippe Jaroussky, Julie Fuchs et Varuhi Abrahamyan, tandis que dans la fosse Emmanuelle Haïm dirigera Le Concert d’Astrée.

Jean-Guillaume Lebrun