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Avignon / 2022 - Entretien / Alain Timár
Le metteur en scène et scénographe Alain Timár s’engage dans cette nouvelle édition d’Avignon Off en célébrant les écritures contemporaines. Il crée, au Théâtre des Halles, Moi, Kadhafi de Véronique Kanor et L’Installation de la peur de Rui Zink.
Les deux spectacles que vous mettez en scène cette année dans le Off sont-ils liés l’un à l’autre ?
Alain Timár : La concordance de ces deux spectacles est à la fois le fruit des circonstances et d’un double intérêt. L’Installation de la peur est un roman de l’auteur portugais Rui Zink que j’ai découvert il y a quelques années. Ce texte m’a tellement fasciné que j’ai immédiatement voulu aller voir Rui Zink à Lisbonne pour lui proposer de l’adapter à la scène. Mais la crise de la Covid est passée par là. J’ai donc dû différer ce projet. Pour Moi, Kadhafi, c’est un peu pareil. Cette pièce est l’aboutissement d’une commande d’écriture que j’ai passée à Véronique Kanor, il y a plusieurs années, en ayant dans l’idée d’en confier l’interprétation à Serge Abatucci, qui est un acteur que j’aime beaucoup. Mais les même causes produisant les mêmes effets, j’ai également dû décaler la date de création de ce spectacle à cause de la pandémie.
Qu’est-ce qui a nourri votre envie d’investir ces deux textes ?
A.T. : En ce qui concerne L’Installation de la peur, je crois que ce qui m’intéresse le plus dans cette œuvre, c’est le regard qu’elle porte sur notre monde contemporain, la façon dont elle met en évidence l’ensemble des peurs que l’on peut nous instiller. Ces peurs sont multiples. Il y a celles liées au climat politique, celles liées au climat économique, celles liées à l’écologie, celles liées à nos angoisses ancestrales, primitives… La manière dont Rui Zink introduit cet éventail de peurs dans notre société contemporaine est passionnante. Quant à Moi, Kadhafi, cette pièce met en lumière un personnage extrêmement paradoxal, que je trouve captivant. Avant de devenir chef d’état, Kadhafi a été un petit gars qui gardait des troupeaux dans son village, qui vivait très pauvrement. Puis il est devenu capitaine dans l’armée. Il est arrivé au pouvoir par un coup d’état, a semblé vouloir s’engager pour une société plus sociale, plus égalitaire, pour finalement tomber dans les dérives que l’on connaît… J’ai eu envie de montrer les différentes facettes de cette personnalité. Tout comme le texte de Rui Zink, la pièce de Véronique Kanor éclaire de façon aiguë le monde d’aujourd’hui. L’Installation de la peur et Moi, Kadhafi partagent une même réflexion sur ce que nous sommes, ce que nous représentons.
Comment faites-vous théâtre à partir de ces deux œuvres ?
A.T. : Les styles de ces spectacles sont un peu différents. L’Installation de la peur engage une fiction théâtrale qui nous raconte comment un soir, dans un petit appartement cosy, alors que tout semble tranquille, deux hommes sonnent à la porte. Une femme leur ouvre. Ils sont très souriants, presque clownesques, déclarent qu’ils viennent chez elle pour installer la peur. Ce spectacle est en partie un spectacle de music-hall, avec ce que j’appelle des sorties de route, des moments au cours desquels l’intériorité des êtres s’exprime par la musique, le chant, la danse.
Les comédiennes et comédiens Charlotte Adrien, Valérie Alane, Nicolas Gény et Edward Decesari sont accompagnés sur scène par le pianiste Vadim Sher…
A.T. : Exactement. Valérie Alane joue le rôle d’une meneuse de revue. J’ai voulu prendre de la distance avec le sérieux, la gravité ou le tragique attachés à la thématique de la peur. Il y a aussi une grande part d’ironie dans ce projet. Le rire est très présent. Il s’agit d’un rire sarcastique, d’un rire qui n’est pas un simple rire de divertissement.
Moi, Kadhafi prend la forme, lui, d’un monologue théâtral…
A.T. : Oui, un monologue interprété par Serge Abatucci, qui joue le rôle d’un acteur ressemblant à Mouammar Kadhafi. Un jour, on propose à ce comédien d’incarner le leader libyen sur une scène de théâtre. Peu à peu, au fur et à mesure des répétitions, il se met à s’identifier à son personnage. Contrairement à L’Installation de la peur, j’ai imaginé une mise en scène assez dépouillée, une mise en scène dont l’univers visuel, peuplé de vidéos, nous permet d’entrer dans l’espace mental de ce personnage devenu dictateur.
Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat
à 16h (Moi, Kadhafi) et 19h (L’Installation de la peur). Relâche les mercredis. Tél. : 04 32 76 24 51.
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