Qui n’a pas rêvé, en tournant les pages d’un livre de danse, de voir les interprètes photographiés reprendre vie et accomplir les promesses que chaque image semble receler ?
A la base de cette pièce de Boris Charmatz, il y a un magnifique livre de David Vaughan : Merce Cunningham, un demi-siècle de danse (trad. Denise Luccioni, Plume, 1997). Le principe imaginé par Boris Charmatz consiste à donner à voir, une à une, chacune des images de cet ouvrage, en incarnant les corps photographiés : portraits de Cunningham, photographies de ses pièces, images de sa compagnie prises en répétition ou à la sortie d’un avion… Le résultat respire – c’est suffisamment rare pour être signalé ! – la jubilation. Les danseurs tiennent un rythme endiablé pour donner à voir les quelque 300 images du livre. Certaines sont de véritables défis, relevés avec humour : il en faut pour jouer à incarner, dans les costumes moulants caractéristiques de la compagnie, Merce Cunningham lui-même et les plus célèbres danseurs… Mais le plaisir réside aussi dans le fait d’identifier, au détour de l’une ou l’autre de ces photographies vivantes, des traits caractéristiques de l’œuvre de Cunningham : de façon légère et ludique, c’est en fait une esthétique qui est interrogée, dans les façons de se tenir, de composer un espace, de diriger le regard. Cette dimension devrait être particulièrement présente lors des représentations au Théâtre des Abbesses : après plusieurs versions de ce projet, Boris Charmatz s’apprête à le présenter avec d’anciens danseurs de la compagnie Cunningham, réunis pour l’occasion.
50 ans de danse, de Boris Charmatz, du 8 au 12 décembre à 20H30 au Théâtre des Abbesses, 31 rue des Abbesses, Paris 18e. TÉL. 01 42 74 22 77. Dans le cadre du festival d’Automne à Paris.