La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Lorenzaccio

Lorenzaccio - Critique sortie Théâtre Marseille

En tournée / de Alfred de Musset / mes Catherine Marnas

Publié le 26 octobre 2015 - N° 237

Catherine Marnas met en scène un Lorenzaccio à forte tonalité politique, qui ne convainc cependant qu’à moitié.

A Bordeaux, au sein d’un festival Novart désormais largement tourné vers des formes et textes contemporains, la tradition s’est fait une place à travers le Lorenzaccio présenté par Catherine Marnas, directrice du TnBA. Pour elle aussi, s’attaquer à Alfred de Musset constitue une exception dans un travail habituellement porté vers des textes plus actuels. Mais, si Catherine Marnas a décidé de monter Lorenzaccio, c’est bien parce que le héros désenchanté éponyme a, pour elle, le visage de l’homme  contemporain, un homme dans une société qui a le sentiment de courir à sa perte et où l’immoralité des puissants se fait de plus en plus criante. Pour Florence, au début du 16ème siècle, la figure du malheur est celle d’Alexandre de Médicis, qui règne en tyran décadent, faisant aussi peu de cas de la vie de ses sujets, que de leur argent et des femmes. Despote meurtrier et consommateur de sexe sur fond de débauche carnavalesque, Alexandre entretient avec son mignon et cousin, Lorenzo, une amitié trouble, que ce dernier va retourner contre lui. Pièce licencieuse réputée irreprésentable en raison de ses très nombreux personnages, de ses multiples changements de lieu, et aussi parce qu’elle a été écrite avant tout pour être lue, Lorenzaccio  est aussi une charge contre le régime de Louis-Philippe, et plus largement contre un siècle que Musset déteste.

L’ultime révolte avant le désespoir

Catherine Marnas a coupé dans cette pièce fleuve pour resserrer l’action et l’articuler autour de Lorenzo et du personnage de Philippe Strozzi, vieux sage frappé dans sa descendance par la cruauté d’Alexandre de Médicis, mais qui n’en renonce pas moins à se révolter contre lui. Elle a conservé intacte la langue de Musset et les comédiens parviennent très bien à donner sens à chaque réplique dans un univers – costumes et musiques – tirant vers le contemporain. La fin du spectacle en concentre la charge explosive et met face à face la résignation d’un peuple, sa servitude volontaire, et le tyrannicide de Lorenzo, qui sonnera comme son ultime révolte avant le désespoir. Le chemin pour parvenir à cet acmé est tortueux, les situations et enjeux pas toujours très lisibles. Le texte foisonnant ne facilite pas les choses, mais la mise en scène également distille des signes parfois peu clairs. On se perd donc, avant que le propos ne se resserre, que l’action ne s’intensifie et n’interroge directement notre société.

Eric Demey

A propos de l'événement

Lorenzaccio
du mardi 3 novembre 2015 au mercredi 9 décembre 2015


En tournée, du 3 au 7 novembre au Gymnase à Marseille, du 10 au 14 à la Comédie de Genève, du 18 au 20 à la Maison de la Culture de Bourges, du 25 au 27 à la scène nationale d’Angoulême, les 1 et 2 décembre à l’Odyssée à Périgueux, les 4 et 5 aux Treize arches à Brive et les 8 et 9 à la scène nationale de Bayonne. Durée  : 2h20. Spectacle vu au Tnba à Bordeaux.

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