La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

M’appelle Mohamed Ali

M’appelle Mohamed Ali - Critique sortie Théâtre saint denis Théâtre Gérard-Philipe

Théâtre Gérard-Philipe – CDN de Saint-Denis / de Dieudonné Niangouna / mes Jean Hamado Tiemtoré

Publié le 26 octobre 2015 - N° 237

Sous la direction de Jean Hamado Tiemtoré, le comédien burkinabé Etienne Minoungou interprète M’appelle Mohamed Ali de Dieudonné Niangouna. De l’univers de la boxe à la réflexion politique, ce monologue de résistance interroge les rapports entre l’Occident et le Continent africain.

M’appelle Mohamed Ali est-il un spectacle sur la boxe ?

Jean Hamado Tiemtoré : Mohamed Ali et la boxe sont ici un prétexte pour parler des problèmes raciaux et des clichés entre Blancs et Noirs. Le militant des droits civiques qu’a toujours été Mohammed Ali utilisait lui-même le ring comme espace de prise de parole. Etienne Minoungou, le temps d’une représentation, interprète donc sur scène le boxeur afin de discuter, avec les spectateurs, des relations présentes et passées entre Blancs et Noirs, mais aussi de leurs relations futures. Ce texte à trois voix (le boxeur, le comédien, l’auteur) est un hymne à la lutte contre toutes les formes d’impossibilités, un combat loyal pour un monde nouveau.

Quelle était l’idée de départ de la commande d’écriture faite à Dieudonné Niangouna ?

J. H. T. : La ressemblance physique entre le boxeur et Etienne Minoungou a été le déclencheur de ce spectacle. L’idée était de superposer les vies des deux hommes, l’artiste et le sportif, pour mettre en évidence un rêve commun : dépasser les barrières raciales.

Comment avez-vous voulu éclairer ce texte ?

J. H. T. : J’ai préféré la piste de l’identification à celle de l’incarnation, Mohamed Ali devenant une sorte de muse pour Etienne Minoungou. Le spectacle est organisé comme un combat de boxe, avec rounds et pauses. Le spectateur prend ainsi la place d’un sparring-partner. Nous avons créé M’appelle Mohamed Ali avec une équipe de sept personnes, venues de cinq pays différents. Ce spectacle est profondément engagé dans une dimension humaniste et multiculturelle. Notre coach artistique, François Ebouele, s’est attaché à donner du punch au jeu d’Etienne Minoungou, à rythmer les variations d’un personnage à l’autre, à donner vie à la relation qui s’établit avec le public. La capacité d’improvisation d’Etienne permet au rêve de prendre toute sa place dans le spectacle.

« Ce texte à trois voix est un hymne à la lutte contre toutes les formes d’impossibilités, un combat loyal pour un monde nouveau. »

Quelle réflexion politique se situe au centre de cette création ?

J. H. T. : Pour gagner une véritable liberté, il faut parfois accepter de perdre une autre forme de liberté. Ainsi, Mohammed Ali a préféré prendre le risque d’aller en prison plutôt que de participer à la guerre du Vietnam. Il a d’ailleurs gagné le procès qui l’a opposé à l’État américain. Pour moi, cette victoire est plus importante que la victoire sportive qu’il a obtenue, à Kinshasa, face à George Foreman. Elle démontre que la vie est un ring, qu’il faut se battre, mais contre les bons adversaires. Les frontières, les couleurs de peaux, ne sont pas nos adversaires. Nos adversaires, ce sont ceux qui se servent des différences pour diviser le monde.

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

 

A propos de l'événement

M’appelle Mohamed Ali
du mercredi 11 novembre 2015 au dimanche 22 novembre 2015
Théâtre Gérard-Philipe
59 Boulevard Jules Guesde, 93200 Saint-Denis, France

Du lundi au samedi à 20 h30, le dimanche à 16h. Relâches les mardis. Durée de la représentation : 1h20. Tél. : 01 48 13 70 00. www.theatregerardphilipe.com

 

Egalement le 25 novembre 2015 à Lormont, le 26 novembre au Centre culturel Crac's à Sambre, le 27 novembre au Centre culturel de Chapelle-lez-Herlaimont, le 28 novembre au Centre culturel de Thuin, le 1er décembre au Bozar à Bruxelles, le 3 décembre au Centre culturel de La Louvière, le 5 décembre au Centre culturel de Flémalle, du 8 au 12 décembre au Théâtre de Namur, le 15 décembre au Centre culturel de Dinant, le 18 décembre au Fourquet à Bruxelles, le 19 décembre au Centre culturel d’Engis, les 26 et 27 janvier 2016 à la Scène nationale – Bonlieu à Annecy, du 8 au 10 mars au Théâtre Ephémère du Mans, les

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