Festival Les Boréales
Littérature, cirque, théâtre, jeunesse, [...]
Une convention de ventriloques tourne mal, chacun se retrouvant aux prises avec son double de chiffon. Bien qu’original, le spectacle de Gisèle Vienne tourne un peu en rond.
Étonnant comme la critique se régale du dernier spectacle de Gisèle Vienne. On ne lui reniera pas bien des qualités : une forme singulière, des interprètes impeccables, une mise en scène parfaitement maîtrisée… Mais on ne peut s’empêcher de penser aussi que le spectacle tire à l’excès un seul et même fil, relativement attendu : la poupée de chiffon qu’agite le ventriloque incarne le retour du refoulé, qui, »par le ventre » de son manipulateur, parvient à s’exprimer. N’est plus donc manipulé celui que l’on croit. Présentation : nous voilà plongés au cœur d’un congrès de ventriloques (une fois par an, au Kentucky, se déroule réellement une ventriloquists convention). Sont donc réunis des ventriloques et leur marionnette, et le dernier d’entre eux mais pas le moins important – last but not least –, c’est celui qui débarque en costume cravate, valise à roulettes, en direct de l’aéroport et sous les bravi de ses acolytes.
La révélation des zones intimes
Normal, c’est lui qui vient de recevoir un prix et connaît grâce à son art la notoriété, le succès et l’argent qui va avec. Pour les autres, dont certains débutent, on imagine un exercice plus confidentiel. La course du spectacle consiste donc à creuser de plus en plus loin derrière les apparences, les réjouissantes retrouvailles de la profession tournant peu à peu à la révélation des zones intimes les plus reculées de chacun. C’est Dennis Cooper qui a écrit le texte en partant d’improvisations des acteurs manipulateurs. Pas ventriloques de formation, ils furent recrutés parmi l’ensemble de marionnettistes de la Puppentheater Halle. On retrouve aussi Jonathan Capdevielle, acteur fétiche de Gisèle Vienne qui était éclatant dans Jerk et demeure excellent interprète de l’intime dans ses propres spectacles. Les situations ont été imaginées à partir des personnalités de chacun. Leur jeu est donc plutôt naturel, même si stylisé dans une lenteur quelque peu inquiétante. Le vernis craque, et successivement, au gré de présentations roulantes, les poupées des ventriloques rouvrent malgré eux les béances de chacun. Dans cette relation de soi à un double parlant de l’intérieur, il est logique de trouver le motif de l’expression des tréfonds de la personnalité et de l’histoire intime. Mais aussi bons soient les interprètes, il n’y a pas de quoi, nous semble-t-il, en faire toute une histoire.
Eric Demey
décembre à 20h30, jeudi à 19h30, dimanche à 15h30, relâche le lundi. Tel : 01 46 14 70 70. Durée : 1h45.
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