Les Fausses Confidences

Il y a, dans ce film, la légèreté et la sophistication de l’univers de Luc Bondy. Ainsi que la fluidité enjouée qui traversait la représentation des Fausses Confidences créée, en janvier 2014, par l’ancien directeur du Théâtre de l’Odéon. Reprenant la même distribution de haut vol (Isabelle Huppert dans le rôle d’Araminte, Louis Garrel dans celui de Dorante, Bulle Ogier dans Madame Argante, Yves Jacques dans Dubois, Manon Combes dans Marton…), le réalisateur et homme de théâtre (disparu en novembre 2015, avant de pouvoir réaliser le montage définitif, qui a été accompli par sa collaboratrice et épouse, la metteure en scène Marie-Louise Bischofberger-Bondy) a réinventé l’imaginaire de son spectacle pour créer un film d’une beauté à la fois marquante et énigmatique.

Quand le Théâtre de l’Odéon devient la demeure d’Araminte

La grande idée de Luc Bondy a été de situer la luxueuse maison d’Araminte – cadre des intrigues conjugales et économiques composant la pièce de Marivaux – au sein même des murs de l’Odéon. Escalier monumental, terrasse, chambres, couloirs, cuisines, sous-sols, salons… Escapade au sein du jardin du Luxembourg… Ces Fausses Confidences plongent dans notre époque en ouvrant les portes d’un réalisme stylisé. Un réalisme qui, par un jeu d’incursions et de glissements très subtils, finit par se laisser gagner par le monde et l’imaginaire du théâtre. On touche alors à une forme d’onirisme teinté d’accents de mélancolie. Le résultat est virtuose. Et d’une profonde intelligence. A travers ce film, Luc Bondy a rendu un hommage très touchant à la maison de théâtre qu’il a dirigée de 2012 jusqu’à sa mort. Cet hommage vient aussi célébrer le talent d’une troupe d’acteurs et d’actrices magnifiques. Ainsi que l’art virevoltant de Marivaux.

Manuel Piolat Soleymat