Le Pas Grand Chose
Après quinze ans d'exploration muette des [...]
La directrice de la Comédie de Béthune propose Mon Fric, pièce commandée à l’auteur David Lescot. Une très jolie traversée de vie – pour tout public à partir de 12 ans – vue par le prisme de l’argent.
Il y a eu d’abord, en 2010, une commande de la Comédie-Française, qui a demandé à dix auteur-e-s d’écrire une pièce courte autour du thème de l’argent. Parmi eux, David Lescot, qui a signé Mon Fric. Faisant suite à cette commande, Cécile Backès a proposé au dramaturge de concevoir une version développée de son texte, en vue d’un spectacle destiné aux adultes, comme aux adolescents. Un spectacle qu’elle a créé le 11 octobre dernier à la Comédie de Béthune (Centre dramatique national qu’elle dirige depuis 2014) avec un quintette de jeunes comédiens remarquables : Pauline Jambet, Pierre-Louis Jozan, Maxime Le Gall, Simon Pineau, Noémie Rosenblatt. Dirigés avec une grande habileté par la metteure en scène, les cinq interprètes sont la colonne vertébrale de cette proposition conçue comme une matière à jeu. On découvre, à travers les personnages qu’ils incarnent, l’existence d’un homme né en 1972. Son enfance. Son adolescence. Sa vie d’adulte. Sa vieillesse. Jusqu’en 2040. Cela vu par le prisme de l’argent, du coût des choses, des dépenses que l’on fait, des ressources dont on dispose. Le prisme des opportunités et des entraves liées à ces données économiques.
1972 – 2040 : une vie qui passe du franc à l’euro
Tout s’enchaîne à un rythme soutenu, comme une course déliée. En marquant au passage des points de repère temporels issus de l’histoire nationale ou mondiale. L’élection de François Mitterrand. La chute du mur de Berlin. Les attentats du 11 septembre… Plutôt que d’analyser en profondeur quelques situations, Mon Fric prend le parti d’offrir un maximum de points de vue à travers une succession de micro-scènes quotidiennes. Un peu à la manière de vignettes de bande dessinée. Des vignettes schématiques, expressives, drôles, qui mettent en jeu des personnages-types lors de moments-clés de l’existence. Au fur et à mesure de l’avancée du spectacle, la légèreté de l’ensemble laisse apparaître une belle profondeur. On est saisi par la simplicité avec laquelle la mise en scène de Cécile Backès parvient à donner fantaisie, mais aussi consistance, aux champs du social et de l’humain. C’est un spectacle à hauteur de femmes et d’hommes qu’elle compose avec ses comédien-ne-s. A hauteur des choses matérielles qui orientent et souvent conditionnent le tracé de chaque vie.
Manuel Piolat Soleymat
Les 22 et 24 mars à 20h30, le 23 à 19h30. Tél : 01 30 86 77 79. Durée : 1h25.
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