La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Le Songe d’une nuit d’été

Le Songe d’une nuit d’été - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre de la Tempête
Crédit : Laurencine Lot Légende : Lisa Wurmser

Théâtre de la Tempête / de Shakespeare / mes Lisa Wurmser

Publié le 21 février 2017 - N° 252

Avec ses nombreux sortilèges et métamorphoses, Le Songe d’une nuit d’été se prête à l’utilisation de la magie. Lisa Wurmser ne s’en prive pas. Avec le magicien Abdul Alafrez et la marionnettiste Pascale Blaison, elle aborde la comédie de Shakespeare en illusionniste, sans perdre de vue ses résonances contemporaines.

Conçue par Sophie Jacob, votre scénographie évoque une atmosphère foraine et non la forêt magique où se déroule la pièce. Pourquoi ?

 Lisa Wurmser : Le Songe d’une nuit d’été est l’une des premières pièces de Shakespeare, et je la trouve intimement liée à la jeunesse. Non seulement parce que Héléna, Hermia, Lysandre et Démétrius manifestent une résistance à l’autorité patriarcale incarnée par Thésée, mais aussi à cause du lutin Puck dont le regard est celui d’un enfant. J’ai voulu donner à voir l’ensemble de la pièce à travers ses yeux d’enchanteur, et me suis inspirée pour cela du petit cirque de Calder, peuplé d’automates et de petites marionnettes.

 Dans l’acte V, où les ouvriers que l’on a vus répéter tout au long de la pièce finissent par jouer devant Thésée leur tragédie, vous allez même jusqu’à installer sur scène un castellet.

L.W : C’est en effet le moment où l’utilisation de la marionnette est la plus visible. Mais avec la marionnettiste Pascale Blaison et le magicien Abdul Alafrez qui m’accompagnent depuis vingt ans, nous avons travaillé très tôt pour intégrer la marionnette et la magie à la narration. Si bien que ces deux arts qui sont pour moi très liés traversent la pièce du début à la fin, permettant aux dix comédiens d’interpréter vingt-cinq rôles et de trouver des appuis dramaturgiques concrets. Chose indispensable pour jouer un théâtre aussi peu psychologique que celui de Shakespeare.

« J’ai voulu donner à voir l’ensemble de la pièce à travers les yeux d’enchanteur de Puck »

Avec Laurent Petitgand dans le rôle de Puck, la musique est aussi centrale dans votre mise en scène. Participe-t-elle aussi pour vous des sortilèges de la pièce ?

L.W : L’idée de faire appel à un musicien pour interpréter Puck est partie de ce vers : « j’enroulerai une ceinture autour de la terre en quarante minutes ». À part la lumière qui est encore plus rapide, seule la musique en est capable. À la fois léger et mélancolique, le rock de Laurent Petitgand, notamment compositeur pour Wim Wenders, m’a semblé idéal pour exprimer ce miracle qui est aussi celui de la langue de Shakespeare, d’une incroyable musicalité.

 Alors que les costumes et la scénographie situent la pièce dans un lieu hors du temps, Laurent Petitgand la tire vers le présent.

 L.W : J’ai traité Le Songe d’une nuit d’été comme une comédie contemporaine. Shakespeare traite dans cette pièce de la passion amoureuse avec une profondeur telle qu’elle n’a pas pris une ride et peut très bien parler à la jeunesse d’aujourd’hui. Aux artistes aussi, qui peuvent se retrouver dans les difficultés exprimées par les artisans-comédiens dirigés par Quince, dont j’ai tenu à donner le rôle à une femme.

 

 

Propos recueillis par Anaïs Heluin

A propos de l'événement

Le Songe d'une nuit d'été
du vendredi 3 mars 2017 au dimanche 2 avril 2017
Théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manoeuvre, 75012 Paris, France

Du 3 mars au 2 avril 2017. Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30. Tel : 01 43 28 36 36.

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