Lukas Truniger, entre le visible et le caché

« Après avoir étudié la musique à Düsseldorf en Allemagne, puis les arts audiovisuels et numériques au Fresnoy dans le Nord de la France, j’ai commencé à développer mon propre langage. Ma manière de mettre en scène un matériel numérique et des réseaux, de les détourner de leurs fonctions premières pour créer des dispositifs et des instruments inédits capables de questionner nos perceptions habituelles. Bien qu’avant tout abstraites et poétiques, ouvertes à l’interprétation du spectateur, mes installations et sculptures ouvrent des brèches à la surface d’outils familiers tels que l’ordinateur ou le téléphone. Elles invitent à regarder au-delà des apparences et à questionner différents types de systèmes complexes, qu’ils soient humains, industriels ou technologiques.

Mythes 2.0

Je cherche pour cela à créer de nouveaux mythes. Dans mon installation générative Déjà entendu ǀ An Opera Automaton, je pars ainsi de l’histoire de Faust pour imaginer une nouvelle légende à base de textes et de mélodies d’opéras. Sans interprètes – ils sont remplacés par des écrans de publicité et des hauts parleurs –, cette création repousse les frontières des perceptions. En touchant à l’au-delà du langage, elle atteint à la véritable poétique du numérique. Laquelle n’est pas dénuée d’absurde, comme on le voit aussi dans mon expérience évolutive Huge Unified Geometric Organ (H.U.G.O). Composée de douze objets métalliques équipés de capteurs et reliés entre eux, cette œuvre interroge la place de l’homme dans son environnement. Un thème qui traverse l’ensemble de mon travail, et que je continue en ce moment de creuser en utilisant l’Intelligence Artificielle. ».

Anaïs Heluin