La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Avignon / 2017 - Tribune

Avignon, contre la paresse des certitudes

Avignon, contre la paresse des certitudes - Critique sortie Avignon / 2017

Publié le 2 juillet 2017 - N° 256

Le journal La Terrasse publie la dixième édition d’Avignon en Scène(s). Extraordinaire creuset culturel, le Festival d’Avignon In et Off prouve magistralement le dynamisme des arts vivants.

Rêveurs, les artistes ? Si créer pour la scène sollicite pleinement l’imagination, c’est aussi un parcours solidement ancré dans les conditions et les aléas du réel, où le combat du financement de la production se poursuit par celui de la visibilité et de la diffusion des œuvres. Un parcours d’autant plus difficile qu’il n’est pas uniquement corrélé à l’objet artistique en tant que tel mais aussi à plusieurs facteurs extérieurs : aux diverses instances qui décident ou non des subventions, au fonctionnement des réseaux de distribution, aux circuits conduisant à la reconnaissance…

 

Ce combat au long cours, des centaines de compagnies le mènent sur tout le territoire. Pour des résultats qui comptent ou, comme le dirait joliment l’homme de culture et de terrain Jack Ralite, « qui content ». Nous le répétons chaque année : bien commun, acte de création, de rassemblement et de partage, la culture favorise le lien social, élève l’esprit, célèbre le beau, lutte contre l’uniformisation, suscite émotions et réflexions, dynamise l’économie locale. Autant d’arguments plaidant avec évidence pour une politique culturelle forte.

 

Extraordinaire creuset culturel, le Festival d’Avignon In et Off prouve magistralement le dynamisme des arts vivants. Son succès célèbre autant la création que la rencontre. Entre artistes et public d’abord : c’est non seulement la découverte d’œuvres stimulantes qui mobilise mais aussi l’envie et le besoin de dialogue. Entre artistes et programmateurs également, Avignon constituant un vaste marché et un foisonnant panorama de la création théâtrale contemporaine. Ainsi qu’une jungle dense et un pari risqué pour les artistes.

 

Avec obstination, les champs esthétiques et politiques s’imbriquent sur les plateaux. Chaque année, il est passionnant de déchiffrer les inquiétudes et préoccupations des artistes qui, malgré la singularité des démarches, dessinent des axes lisibles. Que révèle cette édition 2017 ? Les inégalités sociales, la relation à l’altérité, la crise européenne, la crise des réfugiés, la montée des populismes, la radicalisation terroriste, le désarroi face à un monde que l’on ne comprend pas… : autant de sujets aigus dont les artistes se saisissent. Avec la volonté d’interroger le monde en préservant une distance, d’éviter la paresse des certitudes, de cultiver le doute, de s’aventurer vers l’invisible. En prise directe avec le politique, la création contemporaine s’emploie à dépasser les vues courtes oublieuses de l’humain. Loin des idéologies qui prétendent tout expliquer et tout résoudre, sous un prisme unique phagocytant tous les autres – prismes national, économique, religieux… -, la création ne recherche pas le vrai mais la vérité d’une parole, d’un geste, d’une personne, d’une histoire. La mise en forme même de l’incompréhension et du pessimisme par l’art peut rejoindre une forme de beauté : beauté extérieure de la scène et beauté intérieure de l’esprit en éveil.

 

Le journal La Terrasse publie la dixième édition d’Avignon en Scène(s). Afin de vous éclairer et de vous guider dans votre quête festivalière, nous présentons la quasi-totalité de la programmation du Festival In, une sélection de près de 300 spectacles du Off, ainsi que des entretiens avec des artistes, philosophes… qui ouvrent des pistes de réflexion.

 

Bonne lecture et bon festival !

 

Agnès Santi

 

A propos de l'événement


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