Juliane Lachaut met en scène « Les Garçons qui croient sont très seuls, les autres Garçons sont perdus » de Théo Cazau
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Après Poil de Carotte (2019), Zabou Breitman et Reinhardt Wagner unissent à nouveau leurs talents et créent Zazie dans le métro, où théâtre et musique s’entendent à merveille. Une odyssée populaire, tout en intelligence, humour et fantaisie.
Planqué au fond de notre imaginaire collectif, le personnage de la petite Zazie, inventé par Queneau à la fin des années 1950 puis virevoltant à l’écran sous l’œil de Louis Malle en 1960, n’est plus si connu aujourd’hui. Quoique. Grâce à la délicieuse partition théâtrale et musicale de Zabou Breitman et des siens, l’impertinente mouflette reprend une belle vigueur et une joyeuse popularité : en ce soir de première à la Maison de la Culture d’Amiens son facétieux périple dans la capitale a enchanté le public, des plus jeunes aux moins jeunes. Écho réjouissant à la fantaisie créatrice de l’œuvre, la pièce adapte le texte en le pimentant d’une musique géniale signée par le compositeur Reinhardt Wagner et de formidables chansons qui au-delà des dialogues approfondissent les relations et la caractérisation des personnages, et racontent une foule d’histoires… inracontables. Drôles souvent, mais aussi violentes et cruelles. En premier lieu celle des Papouilles zosées et Des Satyres (valse de l’amour)… Comme le montre le langage inventé par le lettré Queneau qui se plaît à le tordre et à dévier des normes, l’odyssée de Zazie dézingue les conventions hypocrites et célèbre le droit à la singularité, d’un genre à l’autre et d’une identité à l’autre. Il y a un paquet de métamorphoses pendant ce voyage à Paris qui sont toutes amenées avec habileté et humour.
« Y a pas que la rigolade, y a aussi l’art »
Hélas, le supposé romantique Charles qui se rêve en poète amoureux se transforme en mari dominateur en une cinglante réplique : « tu viens, oui ou merde ». Dommage pour Mado Ptits-Pieds. La si curieuse Zazie ne découvrira pas le métro dont elle rêve (c’est la grève), mais sa rencontre avec une galerie d’incroyables personnages l’instruira davantage que l’école – à commencer par son tonton Gabriel, qui n’est finalement pas veilleur de nuit mais danseuse de charme, à qui elle ne cesse de demander s’il est « hormosessuel ». Au cœur d’une scénographie liée à l’imaginaire de l’enfance, avec des toiles peintes figurant les rues de la capitale, se déploie un voyage tout en mouvements et contrastes, un conte initiatique millimétré, où le jeu théâtral et la musique s’entendent à merveille. Alexandra Datman est formidable en Zazie, de même que Franck Vincent en Gabriel, Gilles Vajou en Charles, Fabrice Pillet en Turandot / Trouscaillon, Jean Fürst en Marceline, Delphine Gardin en Mado Ptits-Pieds et Catherine Arondel en Jeanne et la Veuve Mouaque. C’est « de l’art en quatre lettres » : exigeant et populaire.
Agnès Santi
Suite tournée
Equilibre Nuithonie – Fribourg - le 24 avril 2024
Scène nationale Sud-Aquitain – Anglet – du 2 au 3 mai 2024
La Coursive Scène nationale La Rochelle – du 14 au 15 mai 2024
Théâtre national populaire – Villeurbanne – du 22 au 25 mai 2024
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