La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Entretien

Yves-Noël Genod

Yves-Noël Genod - Critique sortie Théâtre
Crédit photo : Bruno Perroud Légende photo : Yves-Noël Genod

Publié le 10 mai 2012 - N° 198

Cultiver l’art de l’instant

Curieux personnage qui s’affiche en fripes Dior et veste à paillettes, Yves-Noël Genod manie l’ironie désinvolte et la mélancolie, l’affectation demi-mondaine et les codes théâtraux avec un art consommé du décalage. Acteur notamment chez Claude Régy ou François Tanguy, danseur chez Loïc Touzé, performeur amoureux des mots, il a signé plus de quarante créations en quelques années. Je m’occupe de vous personnellement est son nouvel opus.

« Mon rôle consiste à trouver des astuces, des dispositifs, pour aider les gens à se relier à leur espace intime. »

Quel est le point de départ d’un spectacle ?

Yves-Noël Genod : Il naît du désir de travailler avec tel ou tel interprète. Les acteurs me fascinent par leurs capacités d’invention, par leurs trouvailles pour répondre à une situation. J’adore faire des auditions pour cela ! Souvent, la distribution se décide au gré des rencontres ou des imprévus. Je me laisse guider par le hasard.

Vous croyez donc au hasard ?

Y.-N. G. : Enormément. Il fait surgir des idées qui n’auraient tout simplement pas émergées sans cette provocation et, d’une façon, force à l’audace puisqu’il mène hors de ce qui m’est imaginable. Je projette difficilement un spectacle mais je sais voir les possibilités du réel qui se présente dans l’instant et en saisir les opportunités.

Comment se déroulent les répétitions ?

Y.-N. G. : Elles durent généralement peu de temps, si bien que le premier geste doit être le bon, ce qui ne laisse pas de place aux états d’âme et autres psychodrames qui polluent habituellement une création. J’aime avoir la liberté de ne rien prévoir avant de débuter. J’arrive avec le moins de propositions possibles. Je travaille à partir des acteurs, de l’espace, des objets que je trouve sur ma route, des œuvres que je vois, des improvisations, des contraintes matérielles, etc. Le spectacle se crée à même les personnes et non en plaquant un projet sur elles. J’essaie de préserver leur naturel, leur instinct, leur lumière.

La force de l’instant théâtral est-elle dans la relation avec le public ?

Y.-N. G. : Le spectacle se crée chez le spectateur, dans son for intérieur. Etymologiquement, le mot théâtre désigne non pas la scène mais le « lieu d’où l’on voit »… Le comédien doit suggérer, faire allusion et non s’exprimer. Il faut que le texte soit fabriqué par le lecteur, disait Borges. Les mots renvoient à des images, à des souvenirs, à des sensations, propres à chaque individu. Mon rôle consiste à trouver des astuces, des dispositifs, pour aider les gens à se relier à leur espace intime. Ces conceptions viennent de ma formation, de mes expériences d’acteur notamment avec Claude Régy et François Tanguy. Le théâtre, c’est le partage de l’instant de la représentation, qui, chaque soir, doit être improvisée à nouveau.

Beaucoup d’auteurs et d’artistes vous accompagnent…

Y.-N. G. : Ils sont sources d’inspiration et de réflexion, de jeux d’écho et de résonnances. Ils parlent finalement de la même chose : du vivant, sujet à la fois vaste et précis. C’est ce que je cherche à partager avec le spectateur.

 

Entretien réalisé par Gwénola David


Je m’occupe de vous personnellement, de et par Yves-Noël Genod. Du 31 mai au 24 juin, à 21h, sauf dimanche 15h30, relâche lundi. Théâtre du Rond-Point, 2bis avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris. Tél. : 01 44 95 98 21.

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