Leonardo García Alarcón
Nés tous deux à Salzbourg à la fin du XVIIIe [...]
Pleins feux sur les lieder à la Philharmonie à travers six récitals dominés par Schubert.
La Philharmonie affectionne les week-ends thématiques qui permettent d’imaginer des parcours musicaux féconds. Fin janvier, elle met en valeur plusieurs facettes du lied, ce genre à la croisée de la poésie et de la musique. Sans surprise, Franz Schubert y figure en bonne place. L’intégralité de son Voyage d’hiver est donnée le samedi 26 janvier par le ténor Christian Elsner et Gérold Huber au piano, ainsi que le cycle de La Belle Meunière, le dimanche 27 janvier, interprété par le ténor Christoph Prégardien accompagné de Michael Gees. Si on ne se lasse jamais de ces deux petits bijoux d’art vocal, plus original est le concert du vendredi 25 janvier intitulé « Temps perdu ». Le baryton-basse Florian Boesch s’attaque aux grands du répertoire romantique (Schubert, Schumann, Brahms, Mahler) mais s’intéresse aussi au Volkslied, ces chants populaires allemands qui ont précisément influencé le Kunstlied (la chanson savante). A la voix du baryton-basse, accompagné de l’ensemble de type fanfare Musicbanda Franui, s’ajoutent les images minimalistes signées du vidéaste Jonas Dahlberg. Tout aussi prometteur est le récital du dimanche 27 janvier (15h) consacré à Andrè Schuen. Accompagné du pianiste Daniel Heide, le jeune baryton, natif de la province italienne du Tyrol du sud où l’on parle trois langues – le ladin, l’allemand et l’italien –, a imaginé un récital qui reflète ses origines. Aux côtés de lieder de Schubert, figurent ainsi des chansons traditionnelles ladines comme celles de Jepele Frontull (1864-1930) ou des airs italiens de Francesco Paolo Tosti.
Partage et transmission
Les élèves du Conservatoire de Paris proposent quant à eux deux concerts-promenades à travers les siècles et les répertoires de la France (dimanche 27 janvier, 14h30 et 1H5h30). Dédié aux adultes et enfants à partir de six ans, leur voyage débute au XVIIe siècle avec des airs de cour, se poursuit aux XVIIIe et XIXe siècle avec des chants patriotiques de Méhul et Gossec, sans oublier la compositrice Hélène de Montgeroult, puis atteignent les rives de la mélodie française : Fauré, Ravel, Debussy. Le week-end thématique met également en parallèle les grands lieder romantiques et les mélodies post-romantiques. Le samedi 26 janvier, la soprano Annette Dasch, connue en Allemagne pour ses « Daschsalons » – jeu de mots avec Waschsalon, laverie ! -, apprécie « quand les artistes sont naturels, qu’ils donnent vraiment de leur personnalité, qu’ils ne jouent pas les divas hors du monde ». Cette conception du partage et de la transmission, elle la met au service de lieder de Mahler, de Korngold mais aussi de Viktor Ullmann ou de Hans Heissler. Un concert qui permet de mesurer le chemin emprunté par les compositeurs à la fin de l’époque romantique, où les voix sont poussées vers les extrêmes et les couleurs deviennent plus hardies. Et comme le chant n’est pas réservé qu’aux professionnels, des ateliers permettent aux enfants ou aux adultes d’interpréter à leur tour chansons ou chœurs. Y a d’la voix !
Isabelle Stibbe
Tél. : 01 44 84 44 84.
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