Wajdi Mouawad reprend son fondateur Littoral

C’est dans le cadre d’Au point du jour, expérience multiforme autour de la capacité du théâtre à parler de la mort, que Wajdi Mouawad a décidé de monter une nouvelle fois Littoral. Littoral, c’est l’histoire d’un père mort et d’un enfant qui cherche à lui offrir une sépulture dans son pays natal. Le début d’un périple où se rencontrent des jeunes gens, tous porteurs d’un deuil, dont ce père mort au gré des rencontres endosse la charge commune. Mais c’est surtout une pièce fondatrice du parcours de Wajdi Mouawad, premier texte de la trilogie du Sang des promesses, qu’il a créée en 1997 au Québec avec des comédiens trentenaires et qui avait fait sensation, dans une nouvelle version, au Festival d’Avignon 2009.

L’énergie d’une jeune génération

C’est également avec une troupe de jeunes comédiennes et comédiens que Wajdi Mouawad a relancé cette aventure. Celles et ceux qui avaient porté Notre Innocence, spectacle à succès du printemps 2018, que le metteur en scène avait prévu de reprendre mais que le confinement a empêché. Dans une double distribution à dominante tantôt féminine, tantôt masculine, c’est avec ce Littoral que la Colline a rouvert ses portes l’été dernier. Dans une mise en scène dépouillée, renouant avec un théâtre pauvre, fait de bouts de scotch et de ficelles, de vêtements et accessoires perchés sur des cintres volants, propre à laisser s’exprimer toute l’énergie d’une jeune génération, cette odyssée à travers guerres et contrées dévastées, pour rendre hommage au mort, pour permettre que rejaillisse la vie, avait pris un sens particulier au lendemain d’une période mortifère. Alors que le couvre-feu laisse planer de nouvelles ombres sur la ville, le souffle épique de Mouawad sera plus que jamais vitalisant.

Eric Demey