La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Classique / Opéra

Vincent Le Texier dans L’Affaire Makropoulos

Piano

Le pianiste français joue Bach avec l’Orchestre de chambre de Munich au Théâtre du Châtelet et au Théâtre des Champs-Elysées.

Publié le 10 avril 2007

Le baryton-basse Vincent Le Texier est l’une de nos grandes voix françaises,
invitées par les plus grandes scènes internationales. Après quelques années loin
de Paris, en Allemagne en particulier, il retrouve la scène de l’Opéra de Paris.
Une maison qu?il connaît bien puisqu?il y a fait ses débuts, au sein de l’Ecole
d’Art Lyrique. Il chante aujourd’hui à Bastille le rôle de Jaroslav Prus dans la
nouvelle production très attendue de
L’Affaire Makropoulos de Janacek,
mise en scène par Krzysztof Warlikowski.

« L’Affaire Makropoulos est l’un des chefs-d’oeuvre de celui
que je considère comme l’un des plus grands compositeurs du XXe siècle, Leos
Janacek, à l’instar par exemple de Bela Bartok, dont j’ai le projet
d’interpréter bientôt le Château de Barbe-Bleue. L’inspiration qu’ils ont
trouvée dans la musique populaire de leur pays les rapproche également et me
touche particulièrement. De plus le livret de Makropoulos est, à partir
du livre de Karel Capek, une grande réflexion sur la condition humaine et sur sa
détermination par le temps. Lorsqu’on a vécu plus de trois cents ans, comme
Émilia Marty, tout devient très relatif et ce qui fait le prix d’une vie
?normale? n?a plus aucune importance : plus rien n?a de sens, plus rien n?a de
valeur.  Jaroslav Prus est un aristocrate, intelligent, rusé, cynique même. Il
est l’ennemi de Marty, son alter ego dans ce combat qui les oppose, mais lui n?a
pas vécu plus de trois cents ans et, malgré l’aisance et la puissance dont il
fait preuve, deux évènements très rapprochés, même simultanés, reliés entre eux
dans une relation de cause à effet, vont le briser définitivement : l’extrême
froideur de Marty au cour de cette nuit qu’elle lui offre en échange de
l’enveloppe qu’elle convoite (?studena jak led’ : ?froide comme la glace?, lui
jette-t-il à la figure comme s’il venait de coucher avec la mort-même) et
l’annonce que son fils, amoureux de cette femme si belle et mystérieuse, vient
de mettre fin à ses jours, sans doute en partie parce qu’il a appris que son
père passe la nuit avec elle.

C’est évidemment très excitant d’imaginer comment on peut interpréter les
deux aspects de cet homme, avec cette coupure radicale qui bouleverse
complètement sa vie. Une musique merveilleuse, un sujet très profond toujours
d’une grande actualité, un personnage dont la vie se brise : voilà une
expérience qui promet d’être passionnante ! Je n?ai jamais travaillé encore avec
Krystof Warlikowski et je n?ai malheureusement pas vu son Iphigénie en
Tauride
, dont je sais qu’elle n?a laissé  personne indifférent. J’aime
travailler avec des metteurs en scène qui ont des partis pris forts et je me
réjouis par conséquent de cette nouvelle collaboration. Nous avons un point
commun : nous avons tous les deux travaillé avec Peter Brook pratiquement au
même moment, lui en tant qu’assistant en Pologne, moi à l’occasion d’une des
expériences qui ont le plus marqué ma carrière : celle des Impressions de
Pelléas
, d’après le Pelléas et Mélisande de Debussy, qui reste à ce
jour l’opéra que j’ai le plus chanté ».

Propos recueillis par Jean Lukas.

Les 27, 30 avril, 4, 8, 11, 16 et 18 mai à 20h, le 13 mai à 14h30 à l’Opéra
Bastille. Tél. 08 92 89 90 90. Places : 5 à 130 ?.

A propos de l'événement


x

Suivez-nous pour ne rien manquer sur la musique classique

Inscrivez-vous à la newsletter

x
La newsletter de la  Terrasse

Abonnez-vous à la newsletter

Recevez notre sélection d'articles sur le Classique / l'Opéra