Vie et mort de Mère Hollunder de Jacques Hadjaje, mise en scène de Jean Bellorini
de Jacques Hadjaje / mes Jean Bellorini
Publié le 24 septembre 2019 - N° 280Vie et mort de Mère Hollunder de Jacques Hadjaje, mis en scène de Jean Bellorini
Elle fait violemment claquer un volet, se tourne vers le public et se lance, à 100 à l’heure, dans le récit de son histoire. Sans tâtonnement et sans introduction. Elle est comme ça Mère Hollunder : vive, primesautière, gouailleuse et volontaire. Les deux pieds plantés dans la matière concrète du quotidien, elle dit sans détour ce qu’elle a à dire, pose un regard sans concession sur les maux du monde et de la vie. Jacques Hadjaje connait bien cette petite femme boulotte. Il s’agit de l’une des protagonistes secondaires qu’il incarnait dans Liliom, pièce de l’auteur hongrois Ferenc Molnár créée, en 2013, par Jean Bellorini. Le même metteur en scène accompagne aujourd’hui le comédien-auteur (Jacques Hadjaje signe lui-même le texte de Vie et mort de Mère Hollunder) dans ce monologue d’à peine une heure qui hisse cette héroïne de l’ombre au rang de personnage principal. Au sein d’un espace abstrait et éclaté à l’intérieur duquel sont dispersés deux chaises, un escalier en colimaçon, une caisse, une table de maquillage et quelques poules, Mère Hollunder traverse divers épisodes de son existence. L’occasion d’arpenter les thématiques de l’amour, de la mort, de la solitude, de la condition féminine.
L’amour, la mort, les violences faites aux femmes
C’est peu dire que Jacques Hadjaje fait vivre avec éclat la personnalité haute en couleur de Mère Hollunder. Dès les premiers mots qu’elle prononce, la femme à l’apparence ordinaire qu’il fait surgir nous gagne à la cause de sa poignante humanité. Immédiatement happés, on la suit pas à pas dans ses pensées et ses souvenirs, de la rencontre mouvementée avec son mari Jacob à l’indignation qui l’envahit lorsqu’elle témoigne des violences que les hommes font subir aux femmes. Il y a aussi la réminiscence d’une soirée d’opéra, au Grand Théâtre de Budapest. L’air de Casta Diva s’élève d’un magnétophone et la vie de Norma se réinvente à nos oreilles : jolie scène faite d’émotion et de drôlerie. Mais d’autres parties du texte, moins inspirées, peinent à prolonger ces pulsations simples et belles. La performance de Jacques Hadjaje, pourtant, ne faiblit pas. Dans l’élégante mise en scène de Jean Bellorini, elle impose son évidence du début à la fin du spectacle. Dommage que la matière imaginaire sur laquelle elle s’adosse ne lui offre pas de plus amples perspectives.
Manuel Piolat Soleymat
A propos de l'événement
Vie et mort de Mère Hollunder de Jacques Hadjaje, mise en scène de Jean Bellorinidu mercredi 18 septembre 2019 au dimanche 13 octobre 2019
Théâtre du Rond-Point
2 bis avenue Franklin D. Roosevelt, 75008 Paris
Salle Roland-Topor. à 20h30. Relâche les lundis et le 22 septembre. Les dimanches à 15h30. Durée de la représentation : 1h. Tél. : 01 44 95 98 21. www.theatredurondpoint.fr.
Egalement du 5 au 8 novembre 2019 au Théâtre de Villefranche-sur-Saône, le 15 novembre au Théâtre Clin d’Œil à Saint-Jean-de-Braye.