La Terrasse

"La culture est une résistance à la distraction" Pasolini

Théâtre - Critique

Vera

Vera - Critique sortie Théâtre Paris Théâtre des Abbesses
Crédit : Tristan Jeanne-Valès Légende : Vera, mis en scène par Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo.

Théâtre des Abbesses / de Petr Zelenka / mes Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo

Publié le 27 mars 2017 - N° 253

En 2010, le Collectif DRAO créait une pièce de Petr Zelenka au Théâtre de la Tempête*. Aujourd’hui, c’est au Théâtre des Abbesses que l’on peut entendre l’écriture de l’auteur tchèque, à l’occasion d’une mise en scène de sa pièce Vera signée Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo. 

arcial Di Fonzo Bo, Pierre Maillet, Helena Noguerra, Rodolfo De Souza, Lou Valentini. Ils sont cinq sur scène pour incarner – à grands effets de perruques, de fausses moustaches, d’accessoires et de déguisements – la vingtaine de protagonistes qui traversent la vie de Vera, personnage donnant son nom à la version française d’une pièce de Petr Zelenka originalement intitulée Job Interviews (la traduction, publiée aux Solitaires Intempestifs, est d’Alena Sluneckova ; la version scénique utilisée pour le spectacle est de Pierre Notte). Business woman vivant en République tchèque, Vera (interprétée par Karin Viard) s’est lancée à corps perdu dans le bain du libéralisme économique pour fonder et diriger, après la Révolution de velours, une agence de casting. Elle y a consacré sa vie, soumettant tous les pans de son existence à l’accomplissement de sa carrière mondaine et professionnelle. C’est une femme dure et cynique, qui considère que chaque chose peut se vendre et s’acheter. Une femme pour qui la réussite justifie tous les moyens. Au risque de s’éloigner, peu à peu, du sens de certaines réalités. Et de commettre les erreurs qui lui feront tout perdre, du jour au lendemain.

Grandeur et décadence

De la grandeur de Vera à sa décadence, Petr Zelenka a construit une tragicomédie aux accents parodiques qui porte un regard sans concession sur les ravages entraînés par notre système néolibéral. Les scènes s’enchaînent, à vive allure, passant d’une situation à une autre sans jamais vraiment s’arrêter sur l’une d’entre elles. Ici, c’est le mouvement qui importe. La course folle d’une vie qui s’accélère et se dérègle, allant droit dans le mur. Cette avancée vers la chute, le spectacle présenté au Théâtre des Abbesses ne parvient pas à la rendre palpable. Conférant à la première partie de leur représentation des allures de cartoon burlesque, les deux co-metteur-e-s en scène passent tout d’abord à côté de la menace qui gronde pour cantonner Vera à un banal divertissement. Ce n’est que lorsque l’anti-héroïne est à terre que les grincements et la profondeur de la pièce finissent par se faire jour. Karin Viard se révèle alors saisissante. La femme déchue à laquelle la comédienne donne corps est tout simplement magistrale. Elle porte en elle l’envergure d’un projet d’écriture qui, au sein de la proposition dualiste conçue par Elise Vigier et Marcial Di Fonzo Bo, n’arrive jamais réellement à se déployer.

Manuel Piolat Soleymat

* Petites histoires de la folie ordinaire, critique dans La Terrasse n° 183 – décembre 2010.

A propos de l'événement

Vera
du jeudi 23 mars 2017 au samedi 8 avril 2017
Théâtre des Abbesses
31 Rue des Abbesses, 75018 Paris-18E-Arrondissement, France

Du 23 mars au 8 avril 2017 à 20h30, le dimanche 26 mars à 15h, relâche le lundi 27 mars et le dimanche 2 avril. Durée de la représentation : 2h. Tél. : 01 42 74 22 77. www.theatredelaville-paris.com

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